Dix ans après le rapt de Chibok au Nigeria, la colère et la frustration des proches

Le comité de soutien créé pour la libération de plus de 270 lycéennes enlevées il y a dix ans à Chibok a appelé les autorités à ne pas oublier la centaine d’entre elles toujours portées disparues.

Zainabu Mala, mère de Kabu, l’une des filles enlevées, tient une photo de sa fille le 12 avril 2019 à Chibok. © Audu MARTE / AFP

Zainabu Mala, mère de Kabu, l’une des filles enlevées, tient une photo de sa fille le 12 avril 2019 à Chibok. © Audu MARTE / AFP

Publié le 15 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Il y a dix ans, le 14 avril 2014, 276 jeunes filles étaient enlevées par le groupe jihadiste Boko Haram à Chibok, dans l’État de Borno (Nord-Est). Ce rapt de masse avait fait la Une des journaux du monde entier et déclenché la campagne internationale « Bring back our girls » (« Ramenez-nous nos filles »). Près de 100 d’entre elles sont toujours portées disparues.

Lors d’une conférence de presse organisée par le comité à Abuja, la capitale nigériane, pour marquer le dixième anniversaire de cet enlèvement, des slogans tels que « Ramenez nos filles maintenant et vivantes » ou « Nous nous battons pour l’âme du Nigeria » ont été scandés par la dizaine de personnes rassemblées.

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« Nous exigeons que le président Bola Ahmed Tinubu et son administration prennent leur responsabilité devant le peuple, pour répondre à notre demande qui est de ramener nos filles », a déclaré Florence Ozor, la directrice stratégique du comité de soutien « Bring Back Our Girls ». Elle a aussi appelé le président nigérian et le gouvernement fédéral à remettre aux familles des lycéennes « un rapport détaillé des missions de sauvetage pour leurs filles disparues ».

« Il y a un manque évident d’intérêt »

Les jihadistes de Boko Haram et le groupe rival État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP, de son acronyme en anglais) sévissent toujours dans le nord du Nigeria. Les violences ont fait plus de 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis 2009.

« Nous sommes déçus de l’échec des gouvernements successifs de l’État de Borno depuis 2014, de leur incapacité, leur refus ou leur échec à sauver toutes nos filles depuis maintenant une décennie, a indiqué Dauda Iliya, chef local de la communauté Kibaku à Chibok. Il y a un manque évident d’intérêt de la part de ces gouvernements à mettre un terme aux problèmes d’insécurité, notamment dans le Nord-Est et surtout dans la région de Chibok. » « Depuis 10 ans, les filles sont privées de leurs décisions, de leur liberté et de leur dignité », a rappelé Hauwa Abubakar, membre de « Bring Back Our Girls ».

Les enlèvements se sont multipliés ces dernières années au Nigeria avec la montée en puissance de groupes criminels armés qui opèrent sur les autoroutes, au domicile des victimes et jusque dans des écoles. Plus de 1 680 élèves ont été kidnappés dans des écoles nigérianes entre 2014 et 2022, selon l’ONG Save the Children. Bola Ahmed Tinubu est arrivé au pouvoir en mai 2023 en promettant de s’attaquer à l’insécurité dans le pays. Mais les critiques estiment que la vague d’enlèvements est hors de contrôle au Nigeria.

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(Avec AFP)

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