Attentat manqué de Times Square : les talibans pakistanais responsables, selon Washington
Les États-Unis ont désormais la preuve que les talibans pakistanais ont téléguidé l’attentat raté commis le 1er mai à New York, a affirmé dimanche le ministre américain de la Justice, Eric Holder, tout en estimant qu’Islamabad n’était pas au courant du projet.
Un Pakistanais naturalisé américain l’an dernier, Faisal Shahzad, a été arrêté puis inculpé deux jours après cette opération. Celle-ci a été revendiquée dans un premier temps par les talibans du Pakistan, qui sont ensuite revenus sur leurs déclarations et ont nié toute implication.
Washington, qui avait d’abord mis en doute la revendication initiale des talibans, se dit désormais convaincu de leur responsabilité.
"Nous avons rassemblé des preuves montrant que les talibans pakistanais étaient derrière l’attentat", a finalement annoncé dimanche M. Holder sur la chaîne de télévision ABC, sans toutefois présenter de preuve matérielle.
"Nous savons qu’ils ont aidé à le préparer. Nous savons qu’ils l’ont probablement financé. Et qu’il (Shahzad) travaillait sous leurs ordres", a déclaré le ministre, qui a reconnu que les talibans du Pakistan avaient désormais "non seulement l’objectif mais aussi la faculté" de commettre des attentats dans des grandes villes américaines.
"Ils ont désormais une importance nouvelle dans notre lutte anti-terroriste", a-t-il admis.
Faisal Shahzad, qui a regagné les Etats-Unis en février dernier, "a travaillé" avec le Tehrik-e-Taliban (TTP, les talibans du Pakistan) au cours des derniers mois lorsqu’il se trouvait au Pakistan", a précisé de son coté le conseiller antiterroriste du président Barack Obama, John Brennan, sur la chaîne CNN.
Relations ambigües avec le Pakistan
Interrogé sur ce que savait ou non Islamabad des risques d’attentats sur le sol américain, M. Holder a répondu: "Rien n’indique que le gouvernement pakistanais était au courant des projets (de Shahzad) ni d’un attentat préparé par les talibans pakistanais".
Ces propos surviennent après une déclaration de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui a mis en garde le Pakistan contre "des conséquences très graves" si un attentat terroriste comme celui de Times Square venait à réussir et qu’il était possible de remonter sa trace jusqu’au Pakistan.
M. Holder s’est dit satisfait de la collaboration d’Islamabad mais averti que Washington prendrait "les mesures qui conviennent" si cela venait à changer.
Le ministre pakistanais de l’Intérieur, Rehman Malik, a promis samedi d’enquêter sur des liens éventuels entre Faisal Shahzad et des extrémistes des zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
Les Américains "pensent que Shahzad s’est rendu dans le Waziristan du Sud (une zone tribale rebelle frontalière de l’Afghanistan, ndlr) et a rencontré Qari Hussain et Hakimullah Mehsud. Mais tout cela a besoin d’être confirmé", a dit le ministre à des journalistes à Islamabad.
Hakimullah Mehsud est le chef du mouvement TPP que les Etats-Unis pensaient avoir éliminé lors d’une attaque de drones en janvier. Mais il est réapparu la semaine dernière sur des vidéos datées de début avril dans lesquelles il menace de s’en prendre à des villes américaines. Qari Hussain est quant à lui un chef militaire taliban connu pour entraîner des volontaires pour les attentats suicide.
Arrêté lundi à bord d’un avion qui allait décoller de New York pour Dubaï, Faisal Shahzad, 30 ans, est interrogé sans relâche par les autorités américaines qui tentent de savoir s’il a agi seul ou avec des complicités extérieures. Il n’avait toujours pas été présenté au parquet dimanche.
Les enquêteurs ont relevé que la voiture piégée qui a connu un début d’explosion à Times Square, était l’oeuvre d’un "amateur" mais aurait pu faire des victimes dans ce quartier, l’un des plus fréquentés de la planète.
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