En Israël, prendre Rafah ou punir l’Iran ?
Tel-Aviv devra choisir entre ces deux fronts impossibles à soutenir en même temps, estiment les experts.
Pour Benyamin Netanyahou, le problème ne semble se poser qu’en termes de calendrier tant il se dit déterminé à atteindre les deux objectifs. Mais il ne peut totalement ignorer les exhortations pressantes de Washington à la retenue et à la protection des civils dans la bande de Gaza.
L’Iran, une réponse qui peut attendre
« Israël ne va pas pouvoir mener de front une offensive à Rafah et une réplique contre l’Iran », observe Michael Horowitz, directeur du cabinet de conseil en sécurité Le Beck. « Il y aura une séquence, et une décision qui va devoir être prise », assure-t-il à l’AFP.
Des cabinets de guerre qui se succèdent depuis le 14 avril à Tel-Aviv filtrent peu de choses sinon les divisions entre faucons de l’extrême droite, qui poussent pour infliger un châtiment exemplaire à l’Iran et fondre sur Rafah, et des ministres plus hésitants.
Israël n’a pas à craindre a priori une nouvelle attaque directe iranienne et peut se permettre de prendre le temps d’étudier des options qui non seulement « n’entraîneraient pas d’escalade » mais permettraient « d’enrayer la crise », souligne John Erath, directeur de recherches au Centre pour le contrôle des armes et la non-prolifération.
Israël agira « à l’occasion et au moment que nous choisirons », a averti lundi le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
L’attaque iranienne a-t-elle changé la donne pour Rafah ?
La presse israélienne citant des sources sécuritaires croit savoir que l’offensive sur Rafah devait commencer cette semaine mais que les plans de l’armée ont été bouleversés par l’attaque iranienne.
Israël ne peut cependant pas lancer un assaut tant que les 1,5 million de déplacés qui y ont fui la guerre, selon l’ONU, n’en ont pas été évacués. Mais de violents combats se poursuivent dans le centre du territoire et Israël refuse toujours le retour des déplacés dans le nord.
Le 15 avril, un communiqué indiquait que le ministre de la Défense Yoav Gallant avait tenu une réunion pour évoquer une « série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, en particulier sur l’évacuation des civils ».
Selon des sources reprises par la presse israélienne, le rejet par le Hamas du dernier projet de trêve soumis par les médiateurs américains, égyptiens et qataris au Caire début avril doit accélérer le lancement de l’offensive, Netanyahou ayant perdu patience et étant convaincu que le Hamas ne veut pas d’un accord. Impossible pour autant d’en déduire une échéance, sauf à « spéculer », met en garde John Erath.
Quels sont les risques diplomatiques pour Israël ?
Dans les deux dossiers, « l’impact diplomatique pèse sur les calculs israéliens », avance Michael Horowitz. Alors qu’une part croissante de la communauté internationale critiquait les représailles meurtrières engagées dans la bande de Gaz, le déluge de drones et de missiles iraniens tombés sur le territoire israélien a de nouveau permis de resserrer les rangs autour d’Israël.
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Une offensive terrestre sur Rafah ainsi qu’une réponse excessive au feu iranien risqueraient d’effacer ces bénéfices diplomatiques. D’un autre côté, Israël pourrait profiter de ce répit auprès de nombreuses chancelleries étrangères pour agir.
En fermant les yeux pour Rafah, ces mêmes alliés pourraient exiger « qu’Israël ne réponde pas » à l’attaque iranienne, « ce qui semble peu probable », balaye cependant Michael Horowitz.
(Avec AFP)
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