D’ici dix ans, l’Afrique devrait compter 65 % de millionnaires en plus

En décembre dernier, la 14e édition du « Global Wealth Report » indiquait que les très fortunés d’Afrique souffraient moins que les autres très riches de la première baisse globale de la richesse depuis 2008. Quatre mois plus tard, publiée par le cabinet londonien Henley and Partners, la 9e édition du rapport annuel sur les fortunes africaines semble à nouveau enthousiasmer les nantis du continent.

Selon les enquêtes et les prévisions de la société internationale de conseil en gestion de patrimoine, les grandes fortunes du continent – entendez « possédant une richesse investissable d’un million de dollars américains » – devraient augmenter de 65 % au cours des dix prochaines années. « Africa Wealth Report 2024 » révèle que l’Afrique recense déjà, sur son sol, 135 200 grandes fortunes issues du continent dont 342 « centimillionnaires » et 21 milliardaires.

56 % de ces millionnaires et plus de 90 % de ces milliardaires résident dans les « Big 5 », les cinq grands marchés africains du patrimoine que sont l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Kenya et le Maroc… La richesse totale investissable actuellement détenue sur le continent africain s’élèverait à 2,5 billions de dollars américains. Mais la théorie du « ruissellement » des fruits du succès individuel vers les poches des classes populaires reste à démontrer…

Exils financiers

La bonne santé individuelle des ultrariches n’élude pas la situation économique de l’ensemble du continent africain. Certes, les évaluations de la richesse d’une zone géographique reposent sur des critères toujours discutables et souvent « occidentocentrés ». Mais puisque le rapport « Africa Wealth Report 2024 » analyse le contexte sous le prisme de la finance européenne, il ne peut éluder la réduction récente de la richesse de l’Afrique par rapport aux indices de référence mondiaux, notamment les cours des devises et les performances des marchés boursiers. Même certaines monnaies des Big 5 ont radicalement chuté, par rapport au dollar américain…

Les statistiques et les marchés du continent profitent d’autant moins des fortunes individuelles que celles-ci sont souvent tentées par l’expatriation, même si leur richesse a utilisé les ressorts africains de l’industrie minière, de l’écotourisme ou d’autres projets de développement. Actuellement, ce sont donc seulement 21 des 54 milliardaires nés en Afrique qui résident toujours sur le continent, soit seulement un gros tiers. Tout le monde a en tête le cas d’Elon Musk, né en Afrique du Sud, et régulièrement sur le podium des entrepreneurs les plus riches du monde. Le fantasque cofondateur de la société astronautique SpaceX a aujourd’hui la triple nationalité canado-américano-sud-africaine et fait ses affaires depuis les États-Unis.

Le rapport « Africa Wealth Report 2024 » comptabilise 18 700 individus fortunés qui auraient quitté l’Afrique au cours de la dernière décennie. La fiscalité ou les politiques de développement de Maurice ou de la Namibie tentent d’intercepter les millionnaires expatriés du continent…