La population rend hommage à Ibrahima Fofana

Les obsèques des deux syndicalistes et des deux journalistes décédés dans un accident de voiture, vendredi, ont attiré de nombreux Guinéens. Ils sont venus par milliers dire adieu, notamment, à Ibrahima Fofana, candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle. La classe politique a salué sa mémoire et ses combats contestataires.

Ibrahima Fofana, le 27 janvier 2007 à Conakry. © AFP

Ibrahima Fofana, le 27 janvier 2007 à Conakry. © AFP

Publié le 20 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Environ 5 000 Guinéens, selon la presse, ont assisté lundi 19 avril à Conakry aux funérailles nationales de l’un des plus célèbres leaders syndicaux du pays, Ibrahima Fofana, d’une autre responsable syndicale et de deux journalistes, morts ensemble dans un accident de la route, vendredi dernier. Ce lundi avait été déclaré férié, trois jours après l’accident qui a tué le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), Ibrahima Fofana, la secrétaire générale de la Confédération des syndicats libres de Guinée (CSLG), Magbé Bangoura, et deux journalistes de la Radio-télévision guinéenne (RTG), Aboubacar Lansana Camara et Lamba Mansaré.

Leur disparition dans cet accident survenu près de Fria (150 km au nord de Conakry), a d’autant plus marqué les esprits qu’ils s’y rendaient pour des négociations entre la direction d’une usine du groupe russe Rusal et les ouvriers de cette compagnie minière, en grève depuis le 1er avril.

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Présidentiable

Ibrahima Fofana, 57 ans, avait été présenté comme un possible candidat indépendant à l’élection présidentielle prévue le 27 juin. Il était proche de la présidente du Conseil national de transition (CNT), la syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo, et du Premier ministre, Jean-Marie Doré. Au sein des « Forces vives », ils avaient contesté le régime militaire mis en place, fin 2008, après la mort de Lansana Conté. M. Fofana « a donné des insomnies aux ennemis de la démocratie, aux ennemis de la liberté, de l’égalité et de la justice », a lancé le chef du gouvernement, Jean-Marie Doré, durant l’hommage national.

« Vous avez été des héros et vous le resterez parce que, dans votre lutte, vous avez exposé vos familles et vous-mêmes, surtout en 2006 et 2007 », au moment des immenses manifestations hostiles au régime de Lansana Conté (1984-2008), a ajouté M. Doré.

En janvier-février 2007, les syndicats avaient orchestré des grèves générales très suivies et cette contestation historique avait été écrasée dans le sang (186 morts selon des ONG).

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« Combattants pour les nobles causes »

L’ex-Première dame Henriette Conté, qui avait participé à la médiation entre les syndicalistes et le régime de son mari, a déposé des fleurs en mémoire des victimes qu’elle a elle-même présentées comme « des combattants pour les nobles causes ». Elle n’avait pas été vue en public depuis les obsèques de Lansana Conté, en décembre 2008. Entre deux sanglots, Rabiatou Sérah Diallo a évoqué Ibrahima Fofana comme son « frère de lutte », un « infatigable défenseur des travailleurs ». « Dors tranquillement, ceux qui t’accompagnent aujourd’hui ne baisseront pas les bras (…) », a-t-elle dit.

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La salle des fêtes du Palais du peuple, siège du CNT, était trop petite pour contenir la foule. Les membres du gouvernement au complet étaient présents, tout comme des chefs religieux, des officiers supérieurs de l’armée, des diplomates.

Tôt dans la matinée, des milliers de personnes s’étaient déjà rassemblées à la morgue de l’hôpital Ignace-Deen, pour la levée des corps, puis à la bourse du travail des banderoles rendaient hommage à Ibrahima Fofana, en affirmant notamment : « Ton combat, c’est le nôtre, tu n’es pas mort, tu ne mourras pas ». Des prières ont ensuite été dites à la mosquée Fayçal. Puis les quatre cercueils enveloppés du drapeau national ont été transportés, à bord d’un camion militaire, jusqu’au cimetière Cameroun.

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Ibrahima Fofana (ici avec la présidente du CNT, Rabiatou Serah Diallo) pourrait être candidat. © Georges Gobet/AFP

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