En Tunisie, le journaliste Mohamed Boughalleb condamné à six mois ferme pour diffamation

Mohamed Boughalleb est accusé par une fonctionnaire du ministère des Affaires religieuses d’avoir « porté atteinte à son honneur et sa réputation » sur les réseaux sociaux et dans des médias.

Devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), à Tunis, en février 2018.

Publié le 18 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Un tribunal tunisien a condamné, en première instance, à six mois de prison ferme le journaliste Mohamed Boughalleb, critique virulent du président Kaïs Saïed, arrêté le 22 mars après que la plainte d’une cheffe de service au sein du ministère des Affaires religieuses, qui l’avait accusé d’avoir « porté atteinte à son honneur et sa réputation » sur les réseaux sociaux et dans des médias.

Dans une publication sur sa page Facebook et à l’antenne d’une radio privée, Mohamed Boughalleb avait demandé des explications sur l’intérêt de déplacements de cette responsable à l’étranger avec le ministre des Affaires religieuses. Il avait dénoncé une forme de « corruption et de gaspillage de l’argent public ».

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Alors qu’il était absent pour raisons de santé lors d’une première audience la semaine dernière, le journaliste qui souffre de diabète et de problèmes cardiaques, s’est présenté mercredi devant le juge. Pour l’un de ses avocats, Jalel Hammami, « Mohamed Boughalleb paye pour avoir exercé sa liberté d’expression. Ce qu’il lui arrive est une honte ». En le poursuivant, « le procureur général a appliqué des instructions politiques », a renchéri un autre membre de son comité de défense, l’avocat et ancien ministre Mohamed Abbou.

« Menace clairement adressée à ceux qui assument leur rôle de journalistes »

Pour le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar, « cette affaire n’est qu’une nouvelle tentative destinée à intimider les journalistes et à les faire taire en instrumentalisant l’appareil de l’État ». « La mise en détention de Mohamed Boughalleb est inquiétante. Elle confirme que les autorités tunisiennes n’acceptent plus que les journalistes fassent leur travail et soulèvent des questions légitimes sur l’utilisation des deniers publics par les responsables politiques », a déploré Khaled Drareni représentant de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord.

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Dénonçant une « terrible régression de la liberté de la presse », Khaled Drareni a estimé que « la tendance à recourir à l’emprisonnement est une menace clairement adressée à ceux qui assument pleinement leur rôle de journalistes ».

Mohamed Boughalleb est connu pour ses critiques de la classe politique et du président Saïed ainsi que pour son travail d’investigation dans des affaires de corruption. Selon le SNJT, une vingtaine de journalistes font actuellement l’objet de poursuites judiciaires.

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(Avec AFP)

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