Les musiciens comptent sur le Mondial pour sortir de l’ombre

Loin de se limiter à la world, la musique sud-africaine ancrée dans l’univers urbain bouillonne et les groupes, dont une dizaine sont invités au festival rock du Printemps de Bourges (centre de la France), espèrent profiter de l’éclairage apporté sur leur pays par le Mondial de football.

Le groupe sud-africain Tumi and The Volume, le 14 avril 2010 à Bourges. © AFP

Le groupe sud-africain Tumi and The Volume, le 14 avril 2010 à Bourges. © AFP

Publié le 18 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

La fin en 1994 de l’apartheid (régime de discrimination raciale en Afrique du Sud) combinée à l’explosion d’internet ont permis aux groupes sud-africains de sortir des frontières du pays. La qualité et la diversité des artistes présents depuis le début du Printemps de Bourges ont marqué les festivaliers: du rap exigeant de Tumi and The Volume, au ragga explosif de Gazelle, en passant par le folk délicat de Nibs van der Spuy. Mais le changement vient aussi de l’intérieur.

"Durant les années sombres, beaucoup de musiques, notamment les musiques noires traditionnelles étaient réprimées. Avec la fin de l’apartheid, tous ses styles magnifiques ont pu faire surface et nous découvrons aujourd’hui une richesse dont nous ne savions même pas qu’elle existait", déclare le chanteur Nibs van der Spuy.

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Musique engagée

Le président du Printemps de Bourges, Daniel Colling, explique avoir voulu mettre l’Afrique du Sud à l’honneur car il s’y passe ce qui est arrivé aux Etats-Unis quand les musiques noires et blanches se sont mélangées pour créer des sons totalement nouveaux. "Il y a beaucoup de vérité là-dedans, estime Tumi Molekane, le rappeur de Tumi and The Volume. BLK JKS (prononcez "black jacks") joue de l’afro-rock, Die Antwoorp (un groupe d’Afrikaaners, ndlr) fait du hip-hop très influencé par la culture métisse du ghetto".

Si la musique a changé, les textes de ces artistes restent souvent politiquement et socialement engagés, comme l’étaient avant eux ceux de Johnny Clegg ou Miriam Makeba. "C’est l’héritage qui nous vient du fait d’avoir grandi dans un endroit politique, tellement chargé d’histoire. Où allons-nous maintenant ? Nous devons essayer de capturer ça", explique Tumi Molekane.

Alors que des groupes sud-africains apparaissent de plus en plus fréquemment à l’affiche de festivals européens – et plus seulement sous la bannière "world music" -, la reconnaissance n’est pas forcément au rendez-vous dans leur propre pays. "Les radios sont censées diffuser 30% de musique sud-africaine, mais elles ne le font pas. Beaucoup de Sud-Africains ont toujours l’illusion que ce qui vient des Etats-Unis est meilleur", déplore Nibs van der Spuy.

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"Il semble que ce n’est qu’une fois que les gens ont réussi à l’étranger qu’ils sont reconnus en Afrique du Sud", renchérit Dave Bergman, bassiste de Tumi and The Volume.

Pas vraiment à l’honneur lors du Mondial

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Les musiciens sud-africains espèrent profiter de l’intérêt porté à leur musique par les médias internationaux dans le sillage de la Coupe du monde de football (du 11 juin au 11 juillet) pour changer la donne. Mais le chemin est encore long.

Pour la cérémonie d’ouverture, les organisateurs ont choisi de faire appel à des stars internationales comme The Black Eyed Peas et Shakira et n’ont laissé que des strapontins aux artistes locaux, au grand désarroi de ces derniers.

"Si au moins, il y avait des concerts organisés chaque soir à un endroit ou à un autre pour que les gens puissent venir écouter de la musique après les matches… mais même ça, on ne le voit pas beaucoup", regrette Tumi Molekane.

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