La France en passe de se doter d’une loi sur la « discrimination capillaire »
Les députés français ont adopté le 28 mars le projet de loi présenté par le Guadeloupéen Olivier Serva. Une avancée pour les personnes racisées qui n’a pas manqué de soulever quelques objections chez certains élus de la droite dans l’hémicycle.
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Les députés français ont adopté un projet de loi sur la « discrimination capillaire » . © Damien Glez
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
Le 12 septembre dernier, le député français Olivier Serva, du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, déposait un projet de loi visant à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire. Le Guadeloupéen a pour cela obtenu le soutien militant et actif de sa consœur macroniste Fanta Berete, laquelle se définit publiquement comme « femme noire originaire de la République de Guinée », avec ses « tresses » et ses « perruques ».
Le sous-texte « afro » finira d’être surligné par une alliance rare entre élus qui se crêpent généralement… le chignon. Née à Libreville, la députée « insoumise » Danièle Obono, proche de Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé en appui du texte un problème « réel, sérieux et politique », qui touche les « personnes racisées », « principalement » les femmes. Et l’écologiste Sabrina Sebaihi d’évoquer un « racisme systémique ».
« Je devais me lisser les cheveux », témoigne Fanta Berete
La discrimination capillaire est principalement observée lors d’entretiens d’embauche, car les candidates, notamment, se sentent souvent obligées de défriser leurs cheveux. « Quand j’ai postulé à certains emplois, on m’a signifié que je devais me lisser les cheveux », témoigne Fanta Berete. Chacun garde aussi en mémoire le cas d’Aboubakar Touré, steward d’Air France à qui l’on avait refusé l’accès à un avion au prétexte qu’il portait des « tresses africaines nouées en chignon ».
Le salarié avait saisi le conseil des prud’hommes, la juridiction française compétente pour les litiges entre employeurs et salariés. Il avait obtenu gain de cause devant la Cour de cassation.
Si peu de députés ont osé s’opposer ouvertement aux arguments en faveur de la loi d’Olivier Serva, des élus de la droite de l’échiquier politique ont dénoncé une démarche inutile, dans une période de crises multiples, la discrimination reposant sur l’apparence physique étant déjà punie par la loi. Xavier Breton, du parti Les Républicains (droite), a dénoncé « du droit bavard ».
Certains ont même évoqué le déploiement d’une idéologie militante de nature à fracturer la société, au nom d’une présumée interminable liste de discriminations spécifiques dont les victimes pourraient finir par revendiquer chacune une hiérarchie. Projet de loi racisé ? Son initiateur n’avait pourtant pas manqué dans l’exposé de ses motifs d’évoquer la souffrance des « personnes rousses » et des « hommes chauves ».
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