Les élections non conformes aux règles internationales
Les différentes missions d’observation chargées de rendre compte du scrutin multipartite qui s’est déroulé au Soudan, s’accordent pour dire que les normes internationales n’ont pas toujours été respectées. Néanmoins, elles voient dans cette élection la promesse d’une amélioration démocratique pour le pays.
Les élections soudanaises, qui devraient reconduire au pouvoir le raïs Omar el-Béchir, n’ont pas répondu aux "normes internationales", ont affirmé samedi 17 avril les observateurs internationaux de la Fondation Carter et de l’Union européenne (UE).
"Ces élections n’ont pas répondu aux normes internationales", ont dit M. Carter et la chef de la mission de l’UE, Véronique de Keyser, qui se sont exprimés devant la presse à Khartoum à quelques dizaines de minutes d’intervalles. La responsable européenne a évoqué "plusieurs irrégularités", dont des cas d’intimidation, un accès inégal des candidats à des ressources financières pour faire leur campagne et un accès inéquitable aux médias. M. Carter a affirmé que de nombreuses (…) libertés avaient "été restreintes durant une grande partie de la période (électorale), renforçant la méfiance des partis politiques", dont certains ont boycotté le scrutin.
"Nos observateurs ont rapporté des problèmes avec l’encre (sur l’index qui est censé prouver que les électeurs ont voté, ndlr), les urnes (…), le processus d’identification des votants ainsi que des cas de personnes mineures" participant au scrutin, a-t-il indiqué.
Bourrage d’urnes
L’UE disposait de 130 observateurs à travers le Soudan, ce qui en fait la plus importante mission d’observation devant la Fondation Carter, qui a néanmoins suivi le processus depuis plus longtemps. Le scrutin a connu de nombreux problèmes logistiques -contraignant la commission électorale (NEC) à prolonger le vote de trois à cinq jours- et a été marqué par le boycottage d’une partie de l’opposition, qui a accusé le parti du président Omar el-Béchir d’avoir bourré les urnes.
Samedi, les deux missions internationales ont par ailleurs insisté sur les problèmes recensés au Sud-Soudan, dirigé par les ex-rebelles du SPLM et qui doit organiser en janvier 2011 un référendum d’indépendance. "Il y a eu plus d’irrégularités au Sud-Soudan", a dit Mme Keyser, soulignant que la situation demeurait tendue dans plusieurs secteurs alors que la NEC effectue actuellement le décompte.
Elle a souligné la "faiblesse de l’organisation" du scrutin dans cette région, évoquant les nombreux retards dans l’ouverture des bureaux de vote, l’acheminement de bulletins dans de mauvais centres de vote -ou encore leur pénurie- et des problèmes de sécurité.
La Fondation Carter a déploré un "grand nombre de cas d’intimidation, de menaces ou de recours à la force" au Sud-Soudan.
Vers une transformation démocratique
Malgré ces critiques, Jimmy Carter a estimé que "la majeure partie de la communauté internationale (…) accepterait le résultat" de ces élections qui doivent reconduire au pouvoir Omar el-Béchir, sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour (ouest). Mais la décision "reviendra à chaque pays d’accepter le résultat de ces élections", a-t-il noté.
La chef de la mission de l’UE s’est félicitée que le scrutin ait ouvert la voie à "une transformation démocratique". "C’est quelque chose dont la population bénéficiera", a-t-elle jugé.
La NEC, qui doit publier l’ensemble des résultats dans les prochains jours, a affirmé que le taux de participation dépassait les 60%. La mission de l’UE, qui publiera son rapport final après officialisation de ces résultats, la chiffre à "environ 60%". "La participation moyenne dans une élection aux Etats-Unis est de 40% alors si la participation est ici de 60% – ce qui me semble être juste – alors c’est une réalisation importante", a souligné M. Carter.
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