Le conflit au Proche-Orient gâche un accord sur l’eau
Une référence aux « territoires occupés » a suffi à sceller l’échec d’une conférence ministérielle de l’Union pour la Méditerranée sur l’accès à l’eau, portant un coup dur à la mise en marche de cette organisation naissante.
"Il y a des fois où à l’impossible nul n’est tenu, malheureusement nous ne sommes pas parvenus à un accord", a annoncé pendant la conférence de presse finale le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, déplorant un "échec".
Israël et les pays de la Ligue arabe, lors d’une conférence de l’Union pour la Méditerranée (UPM), ont fait capoter, mardi 13 avril, l’adoption d’une "stratégie pour l’eau en Méditerranée" censée garantir l’accès de cette ressource rare et empêcher qu’elle serve à l’avenir de détonateur à de nouveaux conflits dans la région. Une référence aux "territoires occupés" par Israël a empêché l’adoption de ce document. L’Etat hébreu a rejeté cette appellation tandis que la partie arabe s’opposait à la formulation alternative de "territoires sous occupation" proposée par les Européens, a expliqué le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche.
"L’UPM est un projet fondamental pour le devenir de la paix dans cette région qui n’a rien perdu de validité parce que les défis qui sont devant nous sont considérables", a-t-il estimé. "Ma déception n’a d’égal que mon espoir, cette structure est irréversible (…) Les délégations n’étaient pas d’accord sur tout, mais d’accord sur 99%" des questions techniques liées à l’eau. Nous sommes un peu victimes de la dégradation du conflit au Proche-Orient", a-t-il ajouté.
Des doutes quant à l’avenir de l’UPM
"Je suis en proie à une grande tristesse" car cet échec "fait planer des doutes sur l’avenir de l’UPM", a pour sa part déploré son propre secrétaire général, le Jordanien Ahmad Massa’deh, qui a été installé cette année dans ses fonctions.
L’UPM, créée en 2008 à Paris par la France et l’Egypte, ambitionne justement de surmonter les difficultés politiques dans la région en donnant à travers des projets concrets, comme l’accès à l’eau, un nouveau souffle à la coopération euro-méditerranéenne inaugurée en 1995 à Barcelone, et restée lettre morte. Elle regroupe 43 Etats (les pays de l’Union européenne, la Turquie, Israël et les pays arabes riverains de la Méditerranée).
L’UPM a été mise en veilleuse début 2009 en raison des tensions provoquées par l’offensive israélienne contre le Hamas à Gaza. Elle doit tenir son IIe sommet le 7 juin à Barcelone, où est installé son siège. M. Lellouche a espéré que les chefs d’Etat parviendraient à surmonter l’échec de la conférence sur l’eau à cette occasion.
Pure propagande
Le ministre israélien des Infrastructures, Uzi Landau, a rejeté la responsabilité de l’échec de la réunion sur les pays de la Ligue arabe, alors que les participants étaient parfaitement d’accord sur la quasi-intégralité du document soumis à leur approbation. "Nous voulions juste nous concentrer sur des problèmes d’eau et éviter d’entrer dans des thèmes politiques. Mais les pays de la Ligue arabe ont versé dans la pure propagande et des déclarations politiques contre l’Etat d’Israël. Ils ont décidé de faire obstruction à la réunion", a-t-il commenté en marge de la conférence de presse.
La question de l’accès à l’eau est pourtant cruciale pour les habitants du bassin méditerranéen. Quelque 290 millions de personnes risquent d’ici à 2025 de manquer cruellement d’eau, selon des données de l’ONU, sous les effets conjugués d’un boom démographique, de l’accroissement des besoins de l’agriculture, de l’industrie et du tourisme, ainsi que du réchauffement climatique. Plus de 180 millions de personnes y manquent d’eau et plus de 60 millions de personnes font face à une pénurie chronique, d’après les experts de l’UPM.
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