Les employés d’une filiale de Plysorol retiennent leurs patrons
Un groupe d’employés de Leroy Gabon et Pogab, des sociétés de la filière bois au Gabon, retenaient lundi après-midi leurs dirigeants, dans l’entreprise située dans le port de Libreville. Ils réclament une prime de logement. Les tensions dans l’entreprise sont exacerbées depuis sa reprise par le Chinois Guohua Zhang.
Principal bâtiment de l’usine Pogab, le 9 avril 2010 à Libreville. © AFP
Publié le 12 avril 2010 Lecture : 2 minutes.
Une trentaine d’employés de Leroy Gabon et Pogab, filiales de l’ex-leader européen du contreplaqué Plysorol, repris par une société chinoise en 2009 et placée en redressement judiciaire vendredi dernier, ont empêché lundi 12 avril des dirigeants de quitter le site d’Owendo (port de Libreville). Le directeur commercial chinois, Schen Hao, une employée chinoise ainsi qu’un consultant français, Michel Poussard, ont été empêchés de quitter le site de l’entreprise.
Les employés, qui bloquent la porte d’accès, sont des agents d’une concession forestière de Leroy Gabon située à Gongué (500 km à l’est de Libreville) qui ont été affectés il y a trois mois à Libreville. Payés en moyenne moins de 100 000 FCFA (150 euros), ils réclament une prime de logement "en rapport avec le coût de la vie". La direction proposait 15 000 FCFA (22,5 euros). "Nous allons trouver une solution au problème", a assuré Michel Poussard. Le ministre des Eaux et Forêts, Martin Mabala, s’est rendu sur le site en lundi début d’après-midi et s’est entretenu avec les dirigeants et les employés.
"Rien ne va plus"
L’entreprise a été reprise il y a un an par le Chinois Guohua Zhang, également patron de la société chinoise Honest Timber. Les salariés soupçonnent le groupe chinois de n’avoir racheté Plysorol que pour mettre la main sur les centaines de milliers d’hectares de forêt que l’entreprise possède au Gabon via ses filiales. M. Zhang a été brièvement interpellé fin mars pour "falsification d’identité" et n’a pas le droit de quitter le territoire gabonais. Les douanes lui réclament également 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros).
Les autres employés -environ 150 personnes- de Pogab et Leroy à Owendo, qui n’ont pas entamé de mouvement social, sont aussi très "remontés" contre "les Chinois". "Depuis qu’ils sont là, rien ne va plus. Les conditions de travail et de salaire ont empiré", a affirmé un ouvrier sous couvert de l’anonymat.
"On ne sait pas où on va. L’ensemble du personnel s’est montré très patient avec la nouvelle direction", a affirmé Bruno Zoghé, directeur du personnel. "Il n’y aucun investissement. On n’a rien vu. Il est allé mentir en France pour la reprise".
"Il a essayé de transférer des permis forestiers et du patrimoine (engins) à une autre société", souligne Yves Imba, employé de Leroy.
Redressement judiciaire
"Ca donne l’impression qu’il a voulu mettre la main sur les concessions de bois et maintenant que les exportations sont interdites (le gouvernement a interdit l’exportation de bois brut au 1er janvier pour favoriser l’industrialisation au Gabon, NDLR), il fait comme si on n’existait pas", affirme un autre ouvrier sous couvert de l’anonymat. "On a l’impression qu’il veut se débarasser de nous".
Michel Poussard a rigoureusement démenti ces propos: "Il n’y a pas de volonté de fermer l’usine. M. Zhang m’a dit personnellement: ‘Continue, achète du bois’. Il n’a pas l’intention de mettre la clé sous le paillasson".
Le groupe Plysorol a été placé en redressement judiciaire le 9 avril par le tribunal de commerce de Lisieux (ouest de la France), avec une période d’observation de deux mois. La prochaine audience est fixée au 26 mai. Le groupe ghanéen à capitaux libanais John Bitar & Co, candidat malheureux à la reprise il y a un an, a dit qu’il était toujours intéressé par un rachat.
