La Monuc sévèrement critiquée par le gouvernement
A 80 jours du début du retrait de la Mission de l’ONU en RD Congo (Monuc), la tension monte entre Kinshasa et la force de paix, accusée de passivité après la mort d’un civil congolais lors de combats dans le nord-ouest du pays.
Vendredi, le ministre congolais de la Communication Lambert Mende a accusé la Monuc de "non-assistance à personne en danger" lors de ces combats le 4 avril entre l’armée et des insurgés Enyele à Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur.
Les affrontements ont fait officiellement 21 morts, dont neuf dans les rangs de la Monuc et des forces de l’ordre, et 12 parmi les assaillants.
"Ils ont assisté à sa mort comme à un match de football"
Selon M. Mende, également porte-parole du gouvernement, un armateur congolais a en outre été tué par les insurgés – qui disputent à une autre communauté locale, les Monzaya, le contrôle de la pêche dans des étangs de la région – à leur débarquement au port de Mbandaka, avant d’être repoussés par l’armée.
Selon lui, Roger Mongapa a été "abattu immédiatement par le commando au nez et à la barbe du contingent de la Monuc", dont Kinshasa demande un retrait total courant 2011, avec un premier départ de Casques bleus autour du 30 juin 2010.
"On nous dit qu’ils (les Casques bleus) sont ici pour protéger les civils. Ils avaient une mitrailleuse déployée, les faits se passaient à 25 mètres de la guérite où se trouve déployée la mitrailleuse, ils ont assisté (à la mort de l’armateur) comme à un match de football", a accusé M. Mende.
Interrogé dimanche par l’AFP, un cadre de la mission onusienne ayant requis l’anonymat a qualifié d’"affront à la communauté internationale" ces accusations des autorités congolaises, qui ont traité de "façon scandaleuse" la Monuc.
Or, sans elle, estime cette même source, "la ville de Mbandaka serait probablement tombée aux mains des insurgés" au cours de cette attaque surprise qui a coûté la vie à un Casque bleu ghanéen, un pilote sud-africain et un employé civil philippin de l’ONU.
"Les propos de M. Mende sont intolérables. La Monuc ne peut que se taire, qui va relever l’imposture et l’affront ? Au sein de la Monuc, tout le monde est scandalisé", a encore commenté le cadre de l’organisation.
Une délégation du Conseil de sécurité attendue dans la semaine
Pour une source diplomatique occidentale à Kinshasa, ces critiques servent "surtout à masquer les manquements des Forces armées de la RDC (FARDC), qui avaient totalement sous-estimé la menace sur Mbandaka", ville située au bord du fleuve Congo à environ 700 km au nord de Kinshasa.
Ce regain de tension intervient alors qu’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU est attendue les 18 et 19 avril en RDC pour finaliser les discussions avec le gouvernement congolais avant de définir le nouveau mandat de la Mission.
D’ores et déjà, la Monuc a planifié un retrait de ses troupes en trois phases, selon un calendrier qui prévoit un premier désengagement avant fin juin de 2000 hommes basés notamment à l’ouest, au centre et au sud-est du pays, des zones de non conflit.
Le gouvernement congolais a lancé ses accusations "bien évidemment dans cette perspective du 30 juin", date commémorative du cinquantenaire de l’indépendance de l’ex-Zaïre, a estimé le diplomate occidental.
Présente depuis dix ans en RDC, la Monuc est la plus importante force de maintien de la paix dans le monde avec 20. 000 soldats.
Elle apporte actuellement un appui logistique à différentes opérations de l’armée congolaise contre des groupes armés et rébellions, principalement dans l’est du pays.
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