Omar el-Béchir grand favori des élections
Les Soudanais ont commencé à voter dans la confusion dimanche pour leurs premières élections multipartites en près d’un quart de siècle qui devraient reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir, recherché par la justice internationale.
Des bureaux de vote ont ouvert à l’heure prévue, 08H00 (05H00 GMT), à Khartoum ou encore Juba, capitale du Sud-Soudan, mais dans plusieurs endroits des délais ont été remarqués par des journalistes de l’AFP.
Dans des centres de vote de Khartoum, les employés du scrutin déballaient encore dimanche matin le matériel électoral tandis que des électeurs faisaient le pied de grue.
"Je suis frustrée. Je suis arrivée peu avant 8H00 pour voter. Je pensais que tout allait être prêt à 8H00 mais ce n’était pas le cas", a dit à l’AFP Safaa, une jeune femme de 24 ans venue exercer son droit de vote avec sa mère.
"C’est la première fois de ma vie que je vote aussi. Lors des dernières élections en 1986, je n’étais pas au pays", a dit sa mère Siham, des lunettes dorées sur le bout du nez, vêtue d’une "tob", longue robe ample traditionnelle aux motifs fleuris.
Quelque 16 millions d’électeurs sont appelés jusqu’à mardi à participer à ces premières élections présidentielle, législatives et régionales multipartites depuis 1986 dans le pays dirigé depuis plus de vingt ans par M. Béchir, auteur d’un coup d’Etat soutenu par les islamistes.
Le président soudanais devait voter vers midi (09H00 GMT) à Khartoum.
"Moi, je vais voter pour Béchir", a dit à l’AFP al-Sirr Yussif dans un bureau de vote du quartier Amarat de Khartoum.
Confusion dans le Sud
Le président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir, a voté dimanche matin à Juba, capitale sud-soudanaise.
"C’est la première fois de ma vie que je vote", a déclaré M. Kiir, 59 ans, qui est aussi le chef des ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM).
"J’ai voté et il n’y a eu aucun problème. J’espère que cela permettra un processus démocratique au Sud-Soudan", a-t-il ajouté voulant ainsi donner l’exemple, après avoir mis une vingtaine de minutes pour voter.
Le processus électoral est particulièrement complexe au Sud-Soudan, où la population majoritairement illettrée doit au total voter 12 fois, notamment pour le président du pays, le président du Sud-Soudan, leurs députés et toute une série de responsables locaux.
Autre difficulté, les bulletins pour la présidentielle nationale ont été imprimés en arabe au Sud-Soudan où la langue officielle est l’anglais et les dialectes locaux abondent.
Peu de suspens pour la présidentielle
Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis un an (CPI), M. Béchir devrait conserver son fauteuil présidentiel, ses deux principaux rivaux, Yasser Arman et Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre et chef du parti Umma (nationaliste), ayant retiré leur candidature.
Ces deux candidats accusent M. Béchir de truquer le scrutin et estiment que les conditions pour des élections "libres" et "justes" ne sont pas réunies, notamment dans la région du Darfour (ouest), sous état d’urgence en raison de la guerre civile et d’une insécurité endémique.
Si le vainqueur de la présidentielle est d’ores et déjà connu, des surprises pourraient émailler l’élection des élus à l’Assemblée nationale et les représentants -gouverneurs et députés- des Etats du pays.
Des luttes locales pour les postes de députés et de gouverneurs dans certaines régions du Sud-Soudan ou des zones à la frontière entre le Nord, musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, pourraient être à l’origine de combats, craignent différents observateurs.
La fondation américaine Carter, l’Union européenne, la Ligue arabe, l’union africaine, la Chine ont tous dépêché des observateurs au Soudan.
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