Journaliste expulsé d’Algérie : la réponse de Jeune Afrique au ministre de la Communication, Mohamed Laagab
Quatre jours après avoir renvoyé en France notre journaliste Farid Alilat, Alger justifie sa décision, arguant que Jeune Afrique aurait « adopté des positions éditoriales hostiles à l’égard de l’Algérie ».
L’Algérie met en cause les « positions hostiles » de Jeune Afrique afin de justifier le refoulement de Farid Alilat, l’un de ses journalistes, à son arrivée à l’aéroport d’Alger, a déclaré le ministre algérien de la Communication, Mohamed Laagab, lors d’un déplacement le 18 avril à Oran.
« Farid Alilat est un citoyen algérien, mais en même temps, il est journaliste dans un magazine indésirable, et lorsque ce média profite de sa nationalité algérienne et s’immisce de manière sournoise dans l’exercice du travail journalistique, cela est inacceptable », a poursuivi le ministre, qui a par ailleurs accusé Jeune Afrique de publier « tantôt des informations incorrectes, tantôt des informations exagérées ».
Une justification peu crédible
Le ministre algérien de la Communication serait plus crédible s’il précisait à quelles « positions éditoriales hostiles » il fait référence. Et plus audible s’il explicitait de quelles « informations incorrectes » ou « exagérées » JA se serait rendu coupable. S’il s’agit – comme chacun s’en doute bien – de nos analyses sur le Sahara occidental, on comprend l’embarras du ministre, l’Algérie ne cessant d’affirmer depuis toujours qu’elle n’est pas « partie au conflit » dans cette affaire, mais simple partie observatrice intéressée. Nous reprocher clairement nos articles sur ce sujet serait en effet un aveu de partialité.
Comme quoi, tenter de justifier l’injustifiable (et, en l’espèce, l’inédit en matière d’entrave aux libertés), à savoir l’expulsion du citoyen – fut-il journaliste – du pays dont il possède la nationalité exclusive, se révèle un exercice impossible.
Retenu onze heures dans les locaux de la police
Jeune Afrique, au format papier, est interdit de fait en Algérie depuis juin 2020, seul un quota de 75 exemplaires du magazine, destiné aux diverses institutions, étant autorisé à l’importation.
Farid Alilat a raconté avoir été retenu pendant onze heures le 13 avril dans les locaux de la police à l’aéroport d’Alger avant d’être expulsé vers Paris. Établi depuis 2004 en France, où il dispose d’une carte de séjour, il se rendait pourtant régulièrement en Algérie.
Notre journaliste a été longuement questionné sur son passé, sur la ligne éditoriale de Jeune Afrique, ou sur les rencontres effectuées par lui en Algérie au fil des années. Son ordinateur ainsi que ses deux téléphones portables ont également été fouillés, alors qu’aucun juge ne l’avait autorisé. Les différents policiers l’ayant interrogé ont, surtout, insisté sur divers articles publiés par Jeune Afrique.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a condamné, dans un message sur X (anciennement Twitter), une « expulsion sans justification » et dénoncé « une entrave inacceptable à la liberté de la presse ».
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