Crainte de violences racistes après la mort d’Eugène Terre’Blanche

Les services de sécurité sud-africains sont sur le qui-vive depuis la mort du leader extrémiste Eugène Terre’Blanche samedi dernier. Ils redoutent des actions isolées de membres de son parti politique pro-Blancs, l’AWB.

Eugene Terre’Blanche, champion de la suprématie blanche, le 11 juin 2004 à sa sortie de prison. © AFP

Eugene Terre’Blanche, champion de la suprématie blanche, le 11 juin 2004 à sa sortie de prison. © AFP

Publié le 5 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

Les autorités sud-africaines s’efforçaient lundi 5 avril d’apaiser les tensions et de prévenir tout débordement après le meurtre du leader d’extrême droite Eugène Terre’Blanche, que ses partisans ont promis de venger. Au lendemain d’une intervention télévisée du président Jacob Zuma, qui a appelé au calme et à l’unité, de hauts responsables régionaux se sont rendus à Ventersdorp (à une centaine de kilomètres à l’ouest de Johannesburg), où a été tué le leader radical blanc.

Maureen Modiselle, chef du gouvernement de la province du Nord-Ouest, "est en train de rencontrer la famille de M. Terre’Blanche", a déclaré son porte-parole lundi matin, sans donner plus de détails. Des représentants de l’opposition étaient également présents sur les lieux, où un important dispositif policier a été déployé. Les forces de l’ordre devraient rester à Ventersdorp au moins jusqu’aux funérailles,qui s’y dérouleront vendredi midi (10H00 GMT) . Le leader du Mouvement de résistance afrikaner (AWB) sera ensuite inhumé sur le sol de son exploitation agricole, a précisé un membre de la famille, Andre Nienaber, à la télévision privée e-news.

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Vengeance

Eugène Terre’Blanche, 69 ans, a été battu à mort samedi dans sa ferme. Deux de ses ouvriers agricoles, âgés de 15 et 21 ans, qui ont raconté s’être disputés avec leur patron pour une question de salaire impayé, se sont rendus à la police. Ils comparaîtront en justice mardi matin devant le tribunal de Potchefstroom, à une heure de Ventersdorp,selon un responsable local.

Les partisans de l’AWB, cofondée par M. Terre’Blanche pour défendre la suprématie blanche en Afrique du sud, ont promis dimanche de le venger. Le secrétaire général de l’AWB, André Visagie, a toutefois appelé ses membres à "rester calme" dans l’immédiat et à attendre une conférence du mouvement, le 1er mai, pour décider de la marche à suivre.
Certains craignent des actions isolées de membres de l’AWB, connus pour leur style paramilitaire, leur insigne proche de l’emblème nazie et leurs actions violentes dans le passé.

Sortir de la tempête

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Pour empêcher tout dérapage, le président Zuma a prononcé dimanche soir à la télévision un discours à la nation, dans laquelle il a appelé les dirigeants politiques du pays à "unir (leurs) appels au calme".  "Nous devons tous faire preuve de responsabilité dans les déclarations que nous pouvons faire dans ce pays, un pays qui travaille dur pour la réconciliation", a ajouté M. Zuma, dans une mise en garde qui vise autant son propre camp que l’extrême droite.

Son parti, le Congrès national africain (ANC), s’est en effet retrouvé sur la sellette pour avoir laissé le leader de sa ligue de la jeunesse – le controversé Julius Malema – reprendre un chant de lutte anti-apartheid qui appelle à "tuer les boers" (fermiers blancs). Cette chanson, que deux tribunaux viennent d’interdire, a suscité une forte émotion dans certains rangs de la communauté blanche, qui l’ont ressentie comme un appel à la violence.

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Pour les rassurer, le gouvernement a réagi avec célérité: outre son allocution télévisée, Jacob Zuma a publié un communiqué dans les heures ayant suivi l’annonce du crime et a dépêché son ministre de la Police et le commissaire principal auprès de la famille. "Pour l’instant, le gouvernement a très bien géré la situation, et a agi rapidement pour apaiser les craintes", a déclaré l’analyste Siphamandla Zondi, de l’Institut pour le dialogue global. Et d’ajouter: "je pense que le pays se sortira de cette tempête, c’est faisable."

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