Le leader d’extrême droite Eugène Terre’Blanche tué

Le leader d’extrême droite pro-apartheid Eugène Terre’Blanche a été tué après une dispute avec un de ses employés samedi. Son organisation, l’AWB, a affirmer vouloir le venger. Jacob Zuma a appelé les Sud-Africains au calme.

Le leader d’extrême droite sud-africain Eugène Terre’Blanche, le 11 janvier 2004. © AFP

Le leader d’extrême droite sud-africain Eugène Terre’Blanche, le 11 janvier 2004. © AFP

Publié le 4 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

Le leader d’extrême droite sud-africain Eugène Terre’Blanche, farouche partisan de l’apartheid, a été tué samedi après une querelle avec un employé, un meurtre qui semble non politique mais intervient sur fonds de tensions raciales toujours vives, 16 ans après la fin de l’apartheid.

Dès le meurtre connu, le président Jacob Zuma a appelé les Sud-Africains "au calme" et a mis en garde dans un communiqué contre toute provocation qui attiserait "la haine raciale".

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"Venger la mort de M. Terre’Blanche"

Le Mouvement de la résistance afrikaner, (AWB), fondé par Eugène Terre’Blanche, a déclaré qu’il le vengerait.

"Contrairement à ce que veulent nos membres, nous leur demandons de rester calmes pour le moment", a déclaré André Visagie, le secrétaire général de l’AWB.

"Nous déciderons des actions pour venger la mort de M. Terre’Blanche. Nous allons agir et choisir des modes d’action spécifiques. Nous les déciderons lors de notre conférence", qui se tiendra le 1er mai

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Eugene Terre’Blanche, 69 ans, a été trouvé mort dans son lit en fin d’après-midi, "avec des blessures au visage et à la tête", a indiqué une porte-parole de la police, Adele Myburgh, à l’agence de presse Sapa.

Dispute pour un salaire non versé

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Deux employés de la ferme de Terre’Blanche, âgés de 15 et 21 ans, ont été arrêtés et inculpés de meurtre, a-t-elle ajouté. Ils se seraient disputés avec leur patron pour un salaire non versé.

Le meurtre a eu lieu dans l’exploitation agricole de Ventersdorp (nord-ouest) que l’ancien militant ne quittait plus que rarement.

Pendant plus de vingt ans, Eugene Terre’Blanche avait incarné la lutte pour la suprématie des Afrikaners, descendants des premiers colons néerlandais et huguenots, pour lesquels il réclamait le droit à l’autodétermination.

En 1973, l’ancien policier fondait le Mouvement de résistance afrikaner (AWB). Critique du régime d’apartheid dont il estimait qu’il faisait trop de concessions aux Noirs, opposé à la démocratie parlementaire, le mouvement était connu pour ses défilés équestres en tenues paramilitaires et son insigne à trois branches rappelant la croix gammée nazie.

Arrêté à plusieurs reprises, Terre’Blanche a été notamment condamné pour détention d’armes. En 1983, des membres de l’AWB avaient été emprisonnés pour quinze ans pour conspiration contre le gouvernement.

Au début des années 1990, les défilés paramilitaires de l’AWB pouvaient réunir plusieurs milliers de personnes. Alors que l’Afrique du Sud basculait vers la démocratie, le groupe se livrait à des attentats sporadiques.

En 1994, à la veille des premières élections multiraciales, l’AWB orchestrait encore des attaques à la bombe, avant d’être progressivement marginalisé.

Lourd passé judiciaire

Son farouche leader, toujours à cheval lors de ses apparitions publiques, finira par être condamné en 2001 pour tentative de meurtre, après avoir battu à coups de barre de fer un vigile noir, lui causant des lésions cérébrales irréversibles. En 2005, il avait été remis en liberté conditionnelle pour bonne conduite.

Terre’Blanche avait adopté depuis un profil bas, à l’image de son mouvement, alors que l’Afrique du Sud s’installait résolument dans la démocratie multiraciale.

Mais le personnage reste suffisamment symbolique pour que son meurtre puisse être utilisé par des extrémistes, dans un contexte social de plus en plus tendu à mesure que se creusent les inégalités entre les revenus, aux dépens des Noirs.

Plus de 40% des 48 millions de Sud-Africains vivent toujours avec moins de deux dollars par jour. Les townships ne sont plus des ghettos mais les services de base y restent déplorables. Et la terre est toujours pour l’essentiel aux mains de la minorité blanche.

Les fractures raciales se manifestent régulièrement. Le chef de la ligue de la jeunesse du parti au pouvoir, Julius Malema, vient de susciter la polémique en reprenant une chanson des années de lutte dont le refrain appelle à "tuer les boers" (les fermiers afrikaners, ndlr).

Le petit parti Freedom Front, qui représente les fermiers blancs au sein du gouvernement de M. Zuma, a évoqué dans la nuit une "situation explosive".

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