Baradei lance sa campagne présidentielle

« Oh El-Baradei, dis-le haut et fort, l’Egypte veut la démocratie », « Il y a mille alternatives en Egypte, El-Baradei en est la preuve »: un millier de personnes ont acclamé l’ex-chef de l’AIEA et prix Nobel de la Paix 2005 vendredi 2 avril dans le delta du Nil, première étape d’une campagne « populaire ».

Mohammed el-Baradei a lancé sa campagne présidentielle le 2 avril. © AFP

Mohammed el-Baradei a lancé sa campagne présidentielle le 2 avril. © AFP

Publié le 2 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

Etudiants portant des T-shirts à son effigie, militants, médecins ou chauffeurs de taxi de Mansoura, grande ville emblématique de l’Egypte profonde, ont affiché leur soutien à l’appel de Mohamed el-Baradei pour des réformes politiques. A 67 ans, le Prix Nobel de la Paix 2005 s’est dit prêt à se présenter à la présidentielle de 2011 face au président Hosni Moubarak, à condition que le scrutin soit libre et exempt de fraudes et que la Constitution soit révisée pour lever les restrictions pesant sur les candidats.

"Tout le monde à Mansoura est avec Baradei. Nous voulons du changement, nous le soutenons parce que nous voulons n’importe qui sauf le régime en place. Nous n’avons d’autre alternative qu’ElBaradei", assure à l’AFP Hicham, un ingénieur de 26 ans. Baradei a d’abord visité le Centre d’urologie et de néphrologie de Mansoura, où il a rencontré le professeur Mohammed Ghoneim, pionnier de la transplantation rénale en Egypte, avant de se diriger vers la mosquée Al-Nour, non loin de là, pour prendre part à la grande prière hebdomadaire

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Sans garde du corps

L’ancien diplomate prévoyait d’aller à la mosquée Cheikh Hassanein, dans un quartier populaire de Mansoura, mais cette demande a été rejetée par les services de sécurité, a indiqué à l’AFP un responsable de l’Assemblée nationale pour le changement, formée par l’ex-patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et des figures de l’opposition. Sans garde du corps, un Baradei souriant, en chemise blanche, a salué ses partisans qui se sont bousculés au milieu des caméras pour l’apercevoir ou lui serrer la main.

Parmi eux se trouvaient de jeunes membres de mouvements d’opposition, dont les Frères musulmans. Certains demandaient aux personnes présentes de signer une pétition de soutien à Baradei. Des policiers, pour la majorité en civil, étaient également présents. "Cette fois-ci, j’ai le sentiment que c’est sérieux. C’est quelqu’un de responsable et j’ai grand espoir qu’il réussisse", dit Aya, une étudiante en médecine de 21 ans, en se frayant un chemin dans la foule.

"Les gens en Egypte ne parlent que de leur salaire dérisoire et de la cherté de la vie, mais rien ne va s’améliorer sans la démocratie et une alternance du pouvoir", estime-t-elle. Ibrahim Aboul Ata, 41 ans, travaille lui comme chauffeur aux Emirats arabes unis. "Je suis en visite et je devais repartir mercredi, mais quand j’ai appris que El-Baradei allait venir j’ai retardé mon départ. Je voulais le voir, cet homme veut faire quelque chose de bien pour nos enfants. Il faut que le monde extérieur sache que le peuple égyptien est avec lui", dit-il.

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Intimidations policières

Hamdi Hadidi, un chirurgien orthopédiste réputé, estime pour sa part que Baradei "n’est pas venu pour faire le chef, mais pour ouvrir la voie (à des réformes) même s’il ne finit pas président". Mais les partisans de Baradei ont déjà eu maille à partir avec les services de sécurité. Le mois dernier, une ONG avait rapporté qu’un médecin du Fayyoum (centre) avait été battu et maltraité toute une nuit pour son soutien à l’ex-diplomate.

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A Mansoura, Achraf Wagdi, un psychiatre militant activement pour l’ex-chef de l’AIEA, a affirmé à l’AFP avoir été arrêté la semaine dernière et détenu pendant 24 heures en raison de son activisme, la police "prétextant" selon lui qu’une librairie lui appartenant n’était pas en règle. Mais signe d’espoir pour M. Wagdi, le procureur chargé de l’affaire est venu le voir pour demander à signer la pétition pour Baradei.

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