Pourquoi Mahamat Idriss Déby Itno a une relation ambivalente avec la France
Sa candidature à la présidentielle, ses relations avec Succès Masra, sa posture vis-à-vis de Paris : que pense Mahamat Idriss Déby Itno ? Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, de retour de N’Djamena, livre son analyse au micro de RFI.
Le Tchad est dans une situation pour le moins inédite à l’échelle du continent. Le 6 mai prochain le premier tour de la présidentielle verra s’affronter le président de la transition sortant, Mahamat Idriss Déby Itno, et celui qui, aujourd’hui, est son Premier ministre, Succès Masra.
Situation inédite
Le chef de l’Etat sortant, arrivé au pouvoir au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby Itno, en avril 2021, est en lice pour un scrutin qui doit marquer la fin de la transition. S’il part favori, il devra aussi compter avec Succès Masra, farouche opposant qui est également son chef du gouvernement, depuis le 1er janvier dernier. Les deux hommes sont d’accord sur un point, et un seul, analyse Francois Soudan : « C’est pour relever le côté inédit de leur situation ».
Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, qui a rencontré le président de la transition tchadienne à N’Djamena, mi-avril, revient au micro de RFI sur la manière dont, trois ans après avoir accédé au pouvoir, Mahamat Idriss Déby Itno a « pris de l’épaisseur ». « Le « nous » du jeune général timide, un peu introverti, désigné par ses pairs pour prendre la tête de la transition, a cédé la place au « je ». Et la modestie de l’apprenti à l’assurance satisfaite de celui qui affirme avoir « respecté ses engagements de soldat » », rapporte-t-il.
Mahamat Idriss Déby Itno « se méfie de la France »
Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique revient également sur les raisons qui sous-tendent la relation ambivalente de Mahamat Idriss Déby Itno avec Paris. S’il a suivi une partie de sa scolarité en France, et qu’il a développé à cette occasion une certaine forme de francophilie, Mahamat Idriss Déby Itno « se méfie de la France », insiste François Soudan.
La raison de ses préventions ? « Il garde en mémoire ces journées de février 2008, où il était enfermé avec son père dans le palais assiégé par les rebelles, quand le président Nicolas Sarkozy avait littéralement lâché le maréchal, lui proposant de l’exfiltrer, de l’envoyer en exil, tout en discutant avec ses ennemis. » Autre épisode, plus récent encore : « Emmanuel Macron lui a demandé, à plusieurs reprises, de faire figurer noir sur blanc dans la Charte de transition, l’interdiction pour lui d’être candidat à l’élection présidentielle. »
La Semaine de JA, diffusé chaque samedi sur les ondes de RFI, est à réécouter sur le site de Jeune Afrique.
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