Au Mali, plus d’une centaine de civils pris en otage par des jihadistes présumés

Plus de 110 civils, qui voyageaient à bord de trois bus de transport, ont été enlevés la semaine dernière lors d’une attaque entre Bandiagara et Bankass, dans le centre du pays.

Des maisons traditionnelles en pierre dogon à Bandiagara, le 26 février 2024. © OUSMANE MAKAVELI / AFP

Des maisons traditionnelles en pierre dogon à Bandiagara, le 26 février 2024. © OUSMANE MAKAVELI / AFP

Publié le 22 avril 2024 Lecture : 3 minutes.

Plus de 110 civils sont retenus depuis six jours par des « jihadistes » présumés dans le centre du Mali. Ils ont été arrêtés le 16 avril, à bord de trois bus, par des « jihadistes » qui ont contraint les véhicules et leurs passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass, selon un groupement d’associations de cette région qui réclame leur libération et un élu local.

« Nous réclamons la libération de plus de 110 passagers de trois bus enlevés par des jihadistes », a déclaré à l’AFP, Oumar Ongoïba, membre de ce groupement. « Les trois bus et les passagers sont toujours entre les mains des jihadistes », a affirmé à l’AFP un élu de Bandiagara qui souhaite conserver l’anonymat pour des raisons de sécurité et estime le nombre de passagers retenus à « plus de 120 ».

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Des rumeurs faisant état de la libération par l’armée malienne de ces civils retenus avaient circulé dans la foulée de cet enlèvement.

« Inaction des forces armées »

Le 19 avril, le même groupement d’associations de Bandiagara avait publié un communiqué dénonçant la « persistance des attaques terroristes », le « nombre croissant de déplacés » dans les agglomérations, et « l’inaction des forces armées » dans la région. En août 2023, une manifestation contre l’insécurité à Bandiagara avait dégénéré et fait plusieurs blessés, après des attaques jihadistes dans la région.

Les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger voisins, et précipité l’arrivée au pouvoir de régimes militaires par des coups d’État dans ces trois pays. Mali, Burkina Faso et Niger ont rompu la vieille alliance avec l’ancienne puissance coloniale française pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie, ont formé en novembre l’Alliance des États du Sahel (AES), et annoncé leur retrait de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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Les militaires au pouvoir depuis 2020 au Mali avaient promis d’organiser une élection présidentielle en février pour céder la place à un régime civil. Mais le Premier ministre malien nommé par les militaires, Choguel Kokalla Maïga, a déclaré en avril que la junte n’organisera des élections en vue d’un retour des civils au pouvoir qu’une fois le pays définitivement stabilisé.

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Selon des sources sécuritaires et des rapports humanitaires consultés par l’AFP, les violences ont augmenté dans le centre du Mali au dernier trimestre de l’année 2023, et les opérations militaires y ont connu une nette intensification pendant cette période. Malgré ces opérations, les groupes armés poursuivent leurs attaques dans le centre et dans le sud du pays, jusque dans les environs de la capitale Bamako. En mars, l’armée malienne avait annoncé avoir repoussé trois attaques « terroristes » ayant visé un poste de douane à une centaine de kilomètres de Bamako et deux camps de l’armée dans le sud du pays.

« Vide juridique et institutionnel »

Le régime a largement fait taire opposants, journalistes et défenseurs des droits humains, nombreux à avoir été condamnés, inquiétés ou conduits à l’exil. Le 31 mars, quelques jours après la date initialement prévue pour un départ des militaires, certains des principaux partis et organisations de la société civile se sont émus dans une rare déclaration commune d’un « vide juridique et institutionnel », et ont réclamé des élections « dans les meilleurs délais ».

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Quelques jours plus tard, le régime a suspendu les activités des partis politiques, et déclaré s’en remettre aux conclusions d’un dialogue national lancé en décembre par le leader de la junte, le colonel Assimi Goïta.

(Avec AFP)

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