Un diplomate israélien expulsé du Royaume-Uni

Londres a décidé l’expulsion d’un diplomate israélien, se déclarant convaincu de la responsabilité de l’État hébreu dans l’utilisation de faux passeports britanniques au cours de l’opération d’assassinat d’un cadre du Hamas à Dubaï. Israël s’est dit « déçu » mais ne souhaiterait pas prendre de mesure de rétorsion.

L’ambassadeur d’Israël à Londres, Ron Prosor, le 18 février © AFP

L’ambassadeur d’Israël à Londres, Ron Prosor, le 18 février © AFP

Publié le 24 mars 2010 Lecture : 3 minutes.

Le Royaume-Uni a annoncé mardi l’expulsion d’un diplomate israélien, déclarant qu’il existait "des raisons convaincantes de croire" à la responsabilité d’Israël dans l’utilisation de faux passeports britanniques par le commando qui a assassiné un cadre du Hamas à Dubaï.

Israël veut "calmer le jeu"
"Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il existait des raisons convaincantes de croire qu’Israël est responsable de cette utilisation abusive de passeports britanniques", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, devant la Chambre des Communes. "J’ai demandé à ce qu’un membre de l’ambassade d’Israël quitte le Royaume-Uni, en conséquence de cette affaire".

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"Le gouvernement prend cette affaire extrêmement au sérieux. Une telle utilisation abusive de passeports britanniques est intolérable", a-t-il ajouté. Le diplomate israélien a deux semaines pour quitter le pays, a précisé un porte-parole du Premier ministre Gordon Brown. L’ambassadeur d’Israël à Londres Ron Prosor s’est dit "déçu", ajoutant: "Notre intention est clairement de renforcer les solides fondations de nos relations, qui sont à la fois vitales et bénéfiques à nos deux pays". Un responsable israélien ayant requis l’anonymat a déclaré à Jérusalem: "Nous n’avons aucune intention d’expulser un diplomate britannique en réponse à la décision de Londres". "La priorité est désormais de calmer le jeu".

"Très probable" confection par "des services de renseignement"
Le ministre des Affaires étrangères Avidgor Lieberman a déclaré que Londres n’avait fourni aux autorités israéliennes "aucune preuve sur l’implication israélienne". "Le Hamas se félicite de la position britannique et de la décision d’expulser le responsable du Mossad (services de renseignement israéliens) à l’ambassade sioniste pour son rôle criminel dans l’assassinat du martyr Mabhouh", a commenté Salah al-Bardawil, haut dirigeant du Hamas à Gaza.

Ce n’est pas la première fois que Londres expulse un diplomate israélien : en 1988, un attaché d’ambassade a été contraint au départ après avoir été lié
à une opération du Mossad visant à implanter au Royaume-Uni un membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant qu’agent double.

Selon M. Miliband, la Soca –chargée des enquêtes sur le crime organisé– a conclu que les 12 documents d’identité incriminés ont été "copiés à partir de passeports britanniques authentiques quand ils ont été transmis pour inspection par des personnes qui ont des liens avec Israël, en Israël ou dans
d’autres pays". La Soca "n’a trouvé aucun lien avec un quelconque autre pays". "Etant donné la sophistication de l’opération" pour laquelle "des faux de
très bonne qualité ont été faits, le gouvernement juge qu’il est très probable que ces faux ont été faits par des services de renseignement gouvernementaux", a-t-il dit, sans jamais nommer le Mossad.

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Relations diplomatiques tendues
La police de Dubaï accuse le Mossad de l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, retrouvé mort le 20 janvier dans un hôtel de l’émirat. Ses agents auraient
procédé à une "falsification à grande échelle" de passeports de ressortissants occidentaux. Interpol a émis 27 avis de recherche concernant des porteurs de passeports occidentaux, falsifiés ou utilisés sous de fausses identités, dont douze britanniques, quatre français et un allemand.

En France, le parquet de Paris a annoncé mardi avoir ouvert le 12 mars une enquête préliminaire, notamment pour faux et usage de faux. Berlin a dit avoir
ouvert "il y a un bon mois" une enquête contre X pour "activités au profit d’un service secret étranger" et "usurpation d’identité".

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L’expulsion annoncée est un nouvel accroc dans les relations tendues entre Israël et Londres. M. Brown avait exprimé la semaine dernière sa "sérieuse préoccupation" après l’annonce de la construction de nouveaux logements à Jérusalem-est annexée. En décembre, Israël avait protesté lorsque l’ex-chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni avait dû annuler une visite à Londres par crainte d’être arrêtée, après l’émission par un tribunal britannique d’un mandat d’arrêt à son encontre à la suite d’une plainte sur son rôle pendant l’opération israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza fin 2008 et début 2009.

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