Blind Dating au Maroc : Armani L’Goumani au cœur du scandale

C’est une émission de divertissement qui a tourné à une affaire d’État. Depuis la diffusion d’un programme de dating sur YouTube, l’influenceuse maroco-néerlandaise Armani L’Goumani est menacée de poursuites pour « outrage à la pudeur », voire « incitation à la prostitution ». Et a été interdite de quitter le territoire marocain.

Armani L’Goumani dans l’émission « Blind dating by outfits » sur la chaîne YouTube Kawaliss.

Armani L’Goumani dans l’émission « Blind dating by outfits » sur la chaîne YouTube Kawaliss.

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Publié le 24 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

« Si je l’avais su, je n’aurais jamais participé », regrette désormais l’influenceuse maroco-néerlandaise Armani L’Goumani. La polémique à laquelle elle fait face depuis près de deux semaines semble l’avoir dépassée.

Au départ, une vidéo YouTube – vue plus de 2,5 millions de fois – au concept simple : la Rotterdamoise de 20 ans doit choisir parmi plusieurs prétendants en se basant sur leur style vestimentaire, quand elle ne se fie pas au flair de sa chienne, Bumbum, pour l’aider à choisir. Mais si ce genre d’émission de divertissement n’a rien de révolutionnaire, sa version marocaine ne passe pas. 

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Depuis la diffusion du programme, le 11 avril, plusieurs internautes marocains reprochent à la vidéo, publiée par la chaîne Kawaliss, de promouvoir des valeurs contraires à l’islam, en faisant l’apologie des relations hors mariage (punies par l’article 490 du code pénal).

Star de TikTok

Mais c’est surtout Armani L’Goumani, star de TikTok (255 000 abonnés), qui est dans la ligne de mire. Le tribunal populaire l’accuse d’« outrage à la pudeur », voire d’« incitation à la prostitution », critiquant sa jupe « trop courte » et ses comportements jugés « dénigrants pour les hommes ».

Le 18 avril, la Brigade nationale de la police judiciaire a annoncé l’ouverture d’une enquête, toujours en cours à ce jour. Elle vise à déterminer si la vidéo contient des éléments qui constituent des délits punissables par la loi et, potentiellement, passibles de prison ferme.

Le lendemain, l’influenceuse a été arrêtée à l’aéroport alors qu’elle tentait de rentrer aux Pays-Bas. « On m’a dit de me présenter au commissariat de police le plus proche pour quelques questions concernant une enquête en cours », a-t-elle confié à la chaîne néerlandaise RTV Rijnmond, qui l’a jointe par téléphone.

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Vidéo d’excuses en darija

Pour tenter de désamorcer la crise, Armani L’Goumani a donc posté sur ses chaînes YouTube et TikTok une vidéo d’explication en darija, dans laquelle elle raconte être née au Danemark et avoir grandi aux Pays-Bas, « où c’est normal » de s’habiller comme elle l’était. Même si, précise-t-elle, elle « n’encourageait pas les autres filles à faire comme elle ».

Revenant sur tous les points qui ont pu choquer les internautes, elle a finalement indiqué : « Je voulais demander pardon à tous les Marocains que j’ai pu offenser, qui ont pu croire que je faisais ça pour provoquer. »

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Contactée par Jeune Afrique, l’influenceuse, qui se fait désormais discrète, n’a pas donné suite. Elle ne répond pas non plus aux militantes féministes marocaines qui affirment avoir tenté de lui faire part de leur soutien.

Tout en précisant ne pas pouvoir s’étendre sur le sujet « pour des raisons de confidentialité », le ministère néerlandais des Affaires étrangères a de son côté déclaré à la première chaîne privée du pays, RTL Nieuws, avoir contacté son ambassadeur adjoint à Rabat pour apporter une assistance consulaire à la jeune femme.

La chaîne Kawaliss, dont le fondateur n’est pas identifié pour l’heure, n’a pas non plus répondu à nos sollicitations et n’a fait aucune déclaration depuis le début de cette affaire. 

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