Reconstruction : des promesses de financement décevantes

Les bailleurs de fonds internationaux financeront à hauteur de 850 millions de dollars la reconstruction du Darfour, une somme bien inférieure aux attentes. Cette frilosité s’explique par l’insuffisance de garanties quant à la destination précise des fonds.

Les participants à la conférence des donateurs, le 21 mars 2010 au Caire. © AFP

Les participants à la conférence des donateurs, le 21 mars 2010 au Caire. © AFP

Publié le 21 mars 2010 Lecture : 3 minutes.

La conférence de donateurs organisée dimanche 21 mars au Caire à l’initiative des pays musulmans pour la reconstruction du Darfour (ouest du Soudan) a réuni près de 850 millions de dollars, en promesses de financement a déclaré l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Soit moins de la moitié de la somme espérée, les organisateurs ambitionnant de réunir deux milliards de dollars pour reconstruire cette région en guerre civile depuis 2003. La conférence du Caire, organisée par l’OCI (57 membres), était co-présidée par l’Egypte et la Turquie. Une vingtaine d’autres pays et une cinquantaine d’institutions internationales et organisations non-gouvernementales étaient également invitées. L’argent servira à financer des projets de développement et de reconstruction dans les domaines de l’agriculture, de l’enseignement, de l’eau, et de la santé, entre autres.

Le secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a annoncé le montant final à la presse sans dire s’il s’agissait de dons ou de prêts et sans détailler les divers engagements. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, a de son côté indiqué que la liste des pays ayant annoncé des contributions incluait le Qatar, l’Algérie, la Turquie, le Brésil, le Maroc et l’Australie. Il n’a pas fait état d’une contribution égyptienne, pourtant pays hôte de la rencontre. Certaines délégations ont manifestement jugé insuffisantes les garanties que l’argent ne profiterait pas avant au pouvoir de Khartoum, tandis que d’autres ont jugé la situation sur le terrain encore trop instable.

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Message politique

Des diplomates occidentaux en particulier ont dit qu’ils ne feraient pas de promesses de dons. "Notre présence est un message politique", a précisé l’un d’eux sous le couvert de l’anonymat, affirmant que son pays ne donnerait pas d’argent en raison de "l’incertitude entourant la manière dont il sera utilisé ou le canal par lequel il passera". "Nous avons donné de l’argent par le passé par le biais de la Banque Mondiale, mais il y a toujours des difficultés dans le pays", a dit un autre diplomate sans plus de précisions.

Le Soudan était représenté par l’ex-rebelle darfouri et conseiller présidentiel Minni Minnawi, ainsi que par des ministres et de hauts responsables. L’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, président du panel de l’Union africaine (UA) sur la crise au Darfour, était également présent. Les Etats-Unis et la France étaient représentés par de hauts diplomates venus de Washington et Paris.

Processus de paix

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Cette conférence, organisée à trois semaines des premières élections générales multipartites soudanaises depuis 1986, entendait également appuyer les pourparlers de paix engagés à Doha. Khartoum a signé jeudi dernier un accord-cadre de paix avec une faction rebelle minoritaire du Darfour, le Mouvement de la libération pour la justice. Un autre accord a été conclu en février avec un important groupe rebelle, le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM). Mais une autre formation majeure, l’Armée de libération du Soudan d’Abdelwahid Nour, refuse de se joindre au processus.

L’Egypte et de nombreux autres pays de l’OCI figurent parmi les meilleurs alliés du régime du président soudanais Omar el-Béchir, candidat à sa propre succession et sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour. Le conflit du Darfour oppose des mouvements rebelles aux forces armées soudanaises appuyées par des milices locales. Le conflit a fait 300.000 morts selon les estimations de l’ONU, 10.000 d’après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.

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