Kadhafi suscite la colère d’Abuja

Pour solutionner le problème des affrontements intercommunautaires qui agitent le Nigeria depuis plusieurs semaines, Mouammar Kadhafi a suggéré de diviser le pays en deux. Le gouvernement a vivement dénoncé la « folie » de la proposition du Guide libyen.

Mouammar Kaddafi propose de diviser en deux parties le Nigeria. © AFP

Mouammar Kaddafi propose de diviser en deux parties le Nigeria. © AFP

Publié le 19 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Le Nigeria a jugé jeudi 18 mars "irresponsables" les propos du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur une division du pays après les récents massacres interreligieux dans le centre et a rappelé son ambassadeur à Tripoli en consultation. "Les propos sensibles et souvent irresponsables du colonel Kadhafi, ses attitudes théâtrales et sa grandiloquence chaque fois qu’il en a l’occasion sont trop nombreuses pour être énumérées", a estimé le ministère nigérian des Affaires étrangères dans un communiqué à Abuja. Le président du Sénat nigérian David Mark a qualifié de "fou" Mouammar Kadhafi, selon les journaux locaux jeudi. "Avec tout le respect que je vous dois, pourquoi voulez-vous donner à un fou une telle publicité ?" a demandé M. Mark à un sénateur qui l’interrogeait sur le sujet lors d’une séance parlementaire. "Un fou qui a dit la même chose au sujet de l’Angleterre (…) et qui a dit la même chose au sujet de tout autre pays, et vous voulez lui donner une célébrité ?", a-t-il demandé, en estimant que le leader libyen "ne mérite aucune attention".

Mouammar Kadhafi, qui assurait jusqu’à janvier la présidence tournante de l’Union africaine (UA), a proposé de copier pour le Nigeria le modèle de la partition entre le Pakistan et l’Inde en 1947. "La situation douloureuse que vit le Nigeria actuellement ressemble beaucoup à la situation du sous-continent indien avant 1947, lors des massacres entre hindous et musulmans auxquels a mis fin Mohamed Ali Jinnah, qui a fondé un Etat pour les musulmans qu’il a appelé le Pakistan", a dit le chef d’Etat libyen, lors d’une rencontre avec des étudiants africains lundi.

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Jos, ligne de démarcation

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 150 millions d’habitants, connaît des violences communautaires meurtrières dans l’Etat du Plateau (centre) qui ont fait plusieurs centaines de morts chez les musulmans et chrétiens depuis le début de l’année. Le pays est divisé pratiquement au centre entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste. L’Etat du Plateau avec sa capitale Jos constitue la ligne de démarcation entre le nord et le sud. Le vice-président Goodluck Jonathan, un chrétien du sud, est devenu chef de l’Etat intérimaire le 9 février, en remplacement du président élu Umaru Yar’Adua, un musulman du nord, gravement malade depuis plusieurs mois. Mercredi 17 mars, il a dissous le gouvernement et s’apprête à un former un nouveau.

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