Présidentielle en Mauritanie : Ould Ghazouani et Ould Abdelaziz candidats
Le chef de l’État, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a annoncé être candidat à un deuxième mandat lors du prochain scrutin du 29 juin. Son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz, a également dévoilé son intention d’aller à l’élection, tout comme le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid.
L’annonce de la candidature de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani était attendue depuis plusieurs semaines, sitôt la période de ramadan achevée. Actée en coulisses de longue date, celle-ci devait être officialisée lors de son séjour à Nouadhibou (nord), du 21 au 22 avril. C’est finalement dans une lettre ouverte aux Mauritaniens de plusieurs pages, rédigée en arabe et publiée dans la soirée du 24 avril, que le chef de l’État, par ailleurs président de l’Union africaine, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 29 juin prochain.
Avant d’énoncer ses réalisations, il a indiqué que sa candidature répond « à l’appel du devoir et la volonté de continuer à servir le pays, en consolidant les acquis importants réalisés ». Il écrit également avoir « œuvré, dès le premier jour, avec force et sincérité, sans relâche, pour exécuter fidèlement le contrat électoral […] en évitant la personnalisation, l’improvisation, le populisme et les discours bon marché, ou encore l’exploitation politique ».
Précisant que son prochain mandat se fera « avec les jeunes », il a promis que son objectif premier sera de consolider « l’unité nationale », ajoutant qu’il travaillera à « l’intégration des couches vulnérables », et qu’il continuera de lutter contre les « pratiques de gabegie, de corruption ou de détournement des deniers publics. »
Une allusion, sans doute, au procès qui vise son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz, condamné à cinq ans de prison en décembre 2023 pour enrichissement illicite et blanchiment. Ce dernier est incarcéré dans un appartement de Nouakchott depuis janvier 2023. On attendait donc que son ancien ministre et fidèle de la première heure, Seyedna Ali Ould Mohamed Khouna, se porte candidat pour représenter le Front pour le changement démocratique, un mouvement pro-Aziz qui ne parvient pas encore à se faire enregistrer en tant que parti politique.
Vers une alliance entre Aziz et Biram ?
C’est finalement l’ancien président lui-même qui briguera la magistrature suprême, comme l’ont annoncé ses soutiens le 20 avril. Ses avocats ayant fait appel de sa condamnation, celle-ci n’est pas définitive et ne peut donc constituer un obstacle à sa candidature. En revanche, les 100 signatures nécessaires (dont celles de cinq maires) pour faire valider son dossier seront très difficiles à obtenir.
Depuis les élections législatives, régionales et municipales de mai 2023, le parti au pouvoir, El Insaf, a remporté la grande majorité des 238 conseils municipaux. Reste que Mohamed Ould Abdelaziz devrait profiter de cette exposition médiatique pour faire parler de lui, et tenter de perturber la campagne de son successeur et ancien ami.
Une partie de l’opposition, qui estime avoir été lésée par le retour du vote à la proportionnelle au premier tour, compte saisir le Conseil constitutionnel au sujet de l’actuel système de parrainages. C’est ce que six candidats ont annoncé dans un communiqué diffusé le 21 avril et co-signé, entre autres, par Mohamed Ould Abdelaziz et Biram Dah Abeid.
Le début d’une alliance entre l’ex-chef de l’État et son ancien opposant, à couteaux tirés pendant dix ans ? « Tous ceux qui cherchent le changement sont obligés d’être solidaires, afin de le créer, mais aussi d’exiger la transparence du scrutin », affirme Seyedna Ali Ould Mohamed Khouna, le président du Front pour le changement démocratique. Des négociations sont en cours pour la signature d’une « charte d’honneur » et la formation d’un « état-major politique ». Pour le moment, seul le ralliement au candidat de l’opposition qui serait au second tour semble acté.
Le positionnement de Tawassoul
Sans surprise, Biram Dah Abeid a quant à lui annoncé officiellement sa candidature le 24 avril, le même jour que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, le leader de l’IRA-Mauritanie et du Radical pour une action globale (un mouvement qui ne parvient pas non plus à se faire enregistrer) s’affiche comme l’un des grands rivaux du président dans les urnes. « Il est le candidat de la continuité du système, et moi, de la rupture », affirmait-il à Jeune Afrique en mars. Il espère bien pousser le chef de l’État à un second tour.
D’autres personnalités ont également déclaré vouloir concourir le 29 juin, à l’instar de Ahmed Hanoune, Nouredine Mouhamedou ou encore Outoma Soumaré. Une ou plusieurs candidatures surprises (comme celle, en 2019, de Sidi Mohamed Ould Boubacar, l’ancien Premier ministre d’Ely Ould Mohamed Vall) sont encore possibles. Par ailleurs, on attend encore le positionnement des islamistes de Tawassoul, le premier parti d’opposition. La campagne électorale débutera officiellement le 14 juin et prendra fin le 27 juin.
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