L’UE affirme pouvoir détecter les fraudes
Les observateurs de l’Union européenne (UE) ont estimé jeudi être en mesure de déceler d’éventuelles fraudes lors des élections soudanaises d’avril, premier scrutin multipartite en près d’un quart de siècle dans le plus grand pays d’Afrique. L’opposition critique cependant le processus d’établissement des listes électorales auquel l’UE n’a pas assisté.
Le Soudan doit tenir dans un mois jour pour jour ses premières élections – législatives, régionales et présidentielles – multipartites depuis 1986.
La mission de l’UE dispose de 138 observateurs – 58 qui doivent arriver ou sont déjà arrivés au Soudan et 80 autres qui arriveront juste avant le scrutin du 11 au 13 avril – afin de suivre les élections à travers le Soudan, pays de 2,5 millions de km2 divisés en 25 Etats et 26.500 bureaux de votes.
"Il est évident que nous ne pourrons nous déplacer dans chaque bureau de vote, nous allons prendre des échantillons (…). Nous allons tirer nos conclusions non seulement de nos observations mais aussi des tendances dans différentes régions et des données", a déclaré la chef des observateurs de l’UE, Véronique de Keyser. "Nous avons confiance dans nos conclusions (futures) d’un point de vue statistique", a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse à Khartoum.
La listes d’électeurs critiquée
Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), part avec une longueur d’avance dans la course à la présidence. Ses principaux adversaires sont Yasser Arman, un musulman laïque originaire du Nord-Soudan défendant la bannière du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) et Sadek al-Mahdi, chef du parti Umma (nationaliste) et Premier ministre élu en 1986 mais renversé trois ans plus tard par le coup d’Etat militaire d’Omar el-Béchir.
La campagne électorale a commencé le mois dernier au Soudan. L’enregistrement des électeurs sur les listes – étape clé du processus électoral critiquée par l’opposition qui estime que le parti du président Béchir a gonflé le nombre de ses partisans sur les listes – a eu lieu en novembre et décembre.
"Nous n’étions pas ici pendant la période d’enregistrement des électeurs, mais nous avons entendu parler des critiques", a indiqué Mme de Keyser, qui a par ailleurs invité les électeurs soudanais à faire prévaloir leur droit de vote malgré l’insécurité dans certaines régions du Soudan, notamment au Darfour et dans certains secteurs du Sud-Soudan en proie à des violences tribales.
Processus de démocratisation
"Le Soudan comme d’autres pays, malheureusement, héritent d’un lourd passé de violence. La démocratie est un processus, si nous ne voulons pas initier ce processus parce qu’il y a de la violence dans un pays, nous ne l’entamerons jamais", a déclaré Mme de Keyser, membre belge du groupe socialiste au Parlement européen.
La mission de l’UE travaillera en coordination avec la fondation Carter, autre observateur international des élections reconnu par les autorités soudanaises, mais ses conclusions demeureront indépendantes, a assuré Mme de Keyser. Après un premier mois de campagne plutôt calme, dominé du point de vue de l’affichage et du nombre de rassemblements par le parti de M. Béchir, l’opposition commence à se faire plus visible à Khartoum.
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