La Suisse sur le banc des accusés à l’ONU
Un projet de résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, mis en consultation par des Etats musulmans et africains, prévoit de « condamner fermement l’interdiction de la construction des minarets ».
La Suisse va être mise au banc des accusés devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour son interdiction des minarets, selon un projet de résolution auquel l’AFP a eu accès mercredi.
Le projet, actuellement mis en consultation par des Etats musulmans et africains, prévoit de "condamner fermement l’interdiction de la construction de minarets", considérée comme une "manifestation d’islamophobie qui contrevient clairement aux obligations internationales en matière de droits de l’homme en ce qui concerne la liberté de religion".
De telles mesures sont de nature à alimenter "la discrimination, l’extrémisme et les préjugés, conduisant à la polarisation et à la division avec de dangereuses conséquences non voulues et inédites", avertit le projet de texte, qui ne nomme pas expressément la Suisse.
Le projet de résolution, qui vise à condamner "la diffamation des religions", devrait être soumis au Conseil des droits de l’homme avant la fin de sa session plénière, en cours jusqu’au 26 mars.
"La Suisse exprime son désaccord"
"Sur le principe, la Suisse exprime son désaccord sur le concept même d’une résolution consacrée à la diffamation des religions présentée régulièrement dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil des droits de l’homme", a déclaré à l’agence de presse suise ATS un porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères, Raphaël Saborit.
S’agissant de la mention de l’interdiction des minarets, la Suisse se prononcera le moment venu au Conseil des droits de l’homme, a ajouté M. Saborit.
Les Suisses ont approuvé le 29 novembre dernier à 57,5% une réforme de la Constitution helvétique interdisant la construction de nouveaux minarets, soulevant un tollé dans le monde, et notamment dans les pays musulmans.
Le Parlement arabe, organe de la Ligue arabe, a appelé en décembre dernier "le peuple suisse à reconsidérer sa décision erronée", estimant qu’elle "traduit les sentiments de haine et d’animosité envers l’islam et les musulmans qu’éprouvent les groupes de la droite extrémiste et raciste en Europe".
Plus récemment, le 25 février, le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a appelé à la guerre sainte (jihad) contre la Suisse, en raison de l’interdiction de la construction de minarets. "C’est contre la Suisse mécréante et apostate qui détruit les maisons d’Allah que le jihad doit être proclamé par tous les moyens", a déclaré le colonel Kadhafi à l’occasion de la fête du Mouloud commémorant la naissance du prophète Mahomet.
La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg est déjà saisie de plusieurs recours invoquant les articles de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantissent la liberté de pensée et de religion et le droit à ne pas être discriminé.
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