Nestlé nie fournir à l’Afrique du lait infantile chargé en sucre
Mis en cause par l’ONG Public Eye, le géant suisse de l’agroalimentaire réfute les accusations de « double standard ». Et affirme lutter dans le monde entier pour la réduction des taux de sucre.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 26 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
Mi-avril, l’association suisse Public Eye pointait du doigt le premier groupe agroalimentaire mondial. L’ONG accuse Nestlé d’exporter du lait infantile et des produits céréaliers contenant du sucre et du miel ajoutés vers les pays à faibles revenus (en Asie, en Afrique et en Amérique latine), tandis qu’elle propose des déclinaisons plus saines aux clients des pays occidentaux. Le dosage réservé au Sud serait contraire aux directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui souhaite prévenir l’obésité et les maladies chroniques.
De surcroît, les produits étudiés par l’ONG concernent la petite enfance durant laquelle ces questions nutritionnelles d’accoutumance sont particulièrement sensibles.
Ce jeudi 25 avril, via un communiqué, Nestlé est monté au créneau en affirmant appliquer « les mêmes principes partout », en conformité avec « les lignes directrices et recommandations scientifiques reconnues », notamment en ce qui concerne « la petite enfance ». « Nous privilégions l’utilisation d’ingrédients de haute qualité adaptés à la croissance et au développement des enfants », se défend l’entreprise suisse.
Double standard ?
Primo, les variations de taux de sucre seraient théoriquement disponibles à l’intérieur de chaque zone géographique, Nestlé produisant effectivement une gamme de produits céréaliers et de muesli « avec ou sans sucre ajouté ». L’objectif serait de « proposer des options sans sucre ajouté partout » en les introduisant « dans un pays après l’autre, s’il n’en existe pas encore ».
Secundo, les laits pour nourrissons de moins de 12 mois ne contiendraient jamais de sucre ajouté, selon le communiqué, tandis que la dose serait progressivement réduite dans les « laits destinés aux enfants de plus de 12 mois ». Et d’ajouter que « la grande majorité de ces produits ne contiennent pas de sucre raffiné ».
Public Eye milite pour une absence de sucres ajoutés « dans tous les produits destinés aux enfants de moins de trois ans, partout dans le monde ».
Mauvaise passe
Puisqu’il semble qu’une critique ne vient jamais seule, la presse française a révélé au début du mois que plusieurs eaux minérales du groupe Nestlé avaient été contaminées par des bactéries, des pesticides et des Pfas (per- et polyfluoroalkylées, ou polluants éternels). C’est un document de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui affirme que la « qualité sanitaire » des eaux du groupe Nestlé n’est « pas garantie ». Des sociétés de gestion d’actifs et des investisseurs partenaires du groupe suisse auraient déjà exprimé plus d’inquiétudes qu’au cours des 25 dernières années.
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