Dépouillement de la présidentielle tchadienne : y a pas photo !
Au Tchad, aux derniers jours de la campagne présidentielle, l’agence électorale interdit la prise de photographies des procès-verbaux lors du dépouillement du scrutin.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 30 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
Ces dernières années, les démocraties les plus respectées d’Afrique ont gagné leurs galons notamment grâce à l’usage des nouvelles technologies de l’information dans la traçabilité de l’expression populaire. Assister à un dépouillement public et à haute voix des votes est un prérequis. Mais capter les procès-verbaux avec un smartphone est-il un must de nature à décourager les tripatouilleurs de la 25e heure ?
Cela ne sera en tout cas pas autorisée lors du scrutin présidentiel du 6 mai prochain au Tchad. Ainsi en a décidé l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), en réaction à un appel de Succès Masra. Le Premier ministre, candidat à la magistrature suprême face à Mahamat Idriss Déby Itno, avait enjoint ses militants, ce week-end, à être « la sentinelle du vote » en prenant des photos des procès-verbaux de dépouillement du scrutin. Le parti du chef du gouvernement, Les Transformateurs, entendait ainsi « participer à rendre transparente la présidentielle ».
Risque de confusion et de désordre
Mais pour le rapporteur général de l’ANGE, Tahir Hassan, prendre de tels clichés pourrait susciter des tensions au moment de la photographie, puis de la confusion et du désordre au moment de l’inévitable publication des images sur les réseaux sociaux, potentiellement aux côtés de fichiers trafiqués.
Le code électoral tchadien ne prévoit ni l’affichage des procès-verbaux dans les bureaux de vote ni leur remise immédiate aux mandataires des candidats. Et Tahir Hassan a affirmé qu’il entendait appliquer strictement l’esprit et la lettre du code électoral. Il a invité les citoyens tchadiens à faire confiance à l’ANGE et à attendre avec patience la compilation et la publication des résultats du vote.
Les candidats qui souhaitent avoir accès aux procès-verbaux de dépouillement doivent en faire la demande, plus tard, au démembrement de l’ANGE dont dépendent les bureaux de vote concernés. Les plus sceptiques craignent un manque de crédibilité, voire un verrouillage du scrutin.
Alors que des certains émettaient, dans un premier temps, l’hypothèse d’une connivence entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et son Premier ministre récemment nommé, dans la tradition des candidats faire-valoir, Succès Masra semble avoir retrouvé sa verve d’opposant. Si bien que le bras de fer entre les deux hommes éclipse assez largement les autres candidats.
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