Ghana : Takoradi broie de l’or noir
Depuis l’entrée en production de l’énorme gisement pétrolier Jubilee au large des côtes, la ville de Tokaradi au Ghana se métamorphose.
Quand il a appris que d’importantes découvertes de pétrole avaient été faites au large de la ville de Takoradi au Ghana, en 2007, Gershon Kokou Amedetor, travailleur indépendant dans les nouvelles technologies à Tema (près d’Accra), n’a pas hésité longtemps. L’année suivante, il débarquait dans la cité de l’or noir pour participer à la création d’une entreprise de services, Seaweld Engineering, dont il est directeur de la logistique et des approvisionnements.
Le succès est au rendez-vous
« Notre travail est de tout faire pour faciliter la vie des compagnies pétrolières, explique-t-il. Nous trouvons des logements pour leurs salariés, des infrastructures, mettons à leur disposition une assistance technique. » Le succès est au rendez-vous : « On a commencé à 4, aujourd’hui nous avons 70 employés permanents et plus de 300 collaborateurs dans le pays. Ici, les investisseurs viennent du monde entier et on vit la crise économique de l’intérieur. »
La vie entière de Takoradi, située à 230 km à l’ouest d’Accra, a été bouleversée par cette croissance depuis que les premiers barils de pétrole du gisement Jubilee ont été commercialisés, en 2010. De l’exploitation au transport, c’est toute une industrie qui a débarqué, et en cinq ans la population de la cité est passée de 200 000 à 600 000 habitants. Les entreprises pétrolières ont pris leurs quartiers dans des zones sécurisées à l’entrée de la ville. Des agences bancaires ouvrent régulièrement. Des liaisons aériennes quotidiennes avec Accra sont désormais assurées. Le dynamisme est palpable.
Infrastructures
Tout le tissu économique a été revitalisé, de même que certaines infrastructures. C’est le cas de la voie ferrée Accra-Takoradi, qui a été modernisée et dont l’extension jusqu’à Sekondi (ville jumelée, à la limite de l’agglomération) est en cours. Le port va être agrandi pour faire face à l’augmentation du trafic. Takoradi, qui était l’une des villes les plus importantes du pays dans les années 1960 grâce à son industrie du bois, espère retrouver son lustre d’antan. « À l’époque, on rivalisait avec Accra, se souvient Jacob Ntiamoah, employé à la mairie. Avec la perte de vitesse de l’industrie dans les années 1990, l’activité a décliné. Mais aujourd’hui on sent que le regard que les gens portent sur notre ville a changé, qu’elle attire de nouveau. »
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Une attractivité qui ne va pas sans quelques revers. Le prix des produits de grande consommation comme celui de l’immobilier ont flambé. « Des gens sont expropriés parce que des projets plus rentables vont être construits sur leurs terres », raconte Isaac Hughes, responsable d’une radio locale consacrée à l’actualité pétrolière. « L’état de notre réseau routier s’est détérioré à cause du poids trop lourd des cargaisons, souligne Anthony Cudjoe, le maire de la ville. Par ailleurs, la migration croissante a eu un impact sur les communautés, entre lesquelles les conflits sont plus fréquents. Surtout, les gens ont cru qu’ils allaient tous trouver du travail, mais ce n’est pas le cas… » Résultat, le taux de chômage reste élevé : il est de 40 %, et beaucoup s’estiment laissés-pour-compte au profit des travailleurs expatriés.
« Local content »
Pour inverser la tendance, le gouvernement a mis en place le « local content », loi qui oblige les pétroliers et leurs sous-traitants à embaucher un minimum de travailleurs ghanéens. Encore faut-il que ces derniers soient qualifiés… Pour faire face à cette demande, l’université polytechnique de Takoradi a créé un centre de formation spécialisé en coopération avec les opérateurs pétroliers. « De toute façon, on ne peut pas se reposer entièrement sur ce secteur, souligne le maire. Sa croissance doit nous aider à développer les autres pans de notre économie, comme l’agriculture. Il faut éviter de tomber dans les mêmes travers que nos voisins. Notre chance est de n’être qu’au début de la production. »
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