Darfour : Khartoum signe une trève avec les rebelles du JEM

En présence du président tchadien Idriss Déby Itno, le Soudan a signé une trêve avec un important mouvement rebelle du Darfour mardi soir à Doha. L’accord a été rendu possible par le rapprochement entre Khartoum et le Tchad voisin. Mais le retour à la paix dans cette région nécessitera le ralliement d’autres groupes rebelles.

L’émir du Qatar accueille le président soudanais Omar el-Béchir (à d.) à Doha © AFP

L’émir du Qatar accueille le président soudanais Omar el-Béchir (à d.) à Doha © AFP

Publié le 24 février 2010 Lecture : 3 minutes.

L’accord de cessez-le-feu au Darfour conclu samedi entre en vigueur mardi à minuit (21H00 GMT), a annoncé le chef du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), un important mouvement rebelle de cette région du Soudan, lors de la cérémonie de signature du texte.

Quatre chefs d’État pour un accord

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Outre M. Khalil Ibrahim et le président soudanais Omar el-Béchir, l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, et les présidents tchadien Idriss Deby Itno et érythréen Issaias Afeworki, étaient présents à la cérémonie, retardée de près de deux heures pour des discussions de dernière minutes sur des détails du document.

Le JEM, qui a des soutiens au Tchad, a déjà paraphé l’accord à N’Djaména samedi avec un responsable soudanais. Cette première signature faisait suite à la réconciliation entre le Soudan et le Tchad, matérialisée par une visite à Khartoum du président tchadien Idriss Deby le 8 février.

Partage du pouvoir

L’accord porte sur un partage du pouvoir et prévoit la participation du JEM "à tous les niveaux du pouvoir (exécutif, législatif…) selon des modalités à convenir ultérieurement entre les deux parties".

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Le texte indique que le JEM doit se constituer "en parti politique dès la signature de l’accord final entre les deux parties".

Il énonce la proclamation d’un cessez-le-feu et des "discussions immédiates pour parvenir à un accord pour son observation". Il prévoit aussi d’intégrer les combattants rebelles au sein de l’armée et la police, la libération des prisonniers de guerre et l’amnistie pour les membres civils et militaires du JEM.

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L’accord parle de dédommagement pour les déplacés ainsi que du développement du Darfour, longtemps négligé, et de l’examen du partage des ressources.

Le partage du pouvoir et de la richesse a été l’épine dorsale de tous les accords signés par Khartoum et les différentes rébellions, comme celui signé avec la faction du mouvement de libération du Soudan en 2006, un groupe du Darfour conduit par Minni Minnawi, qui a obtenu le poste de conseiller résidentiel.

L’accord de paix global de 2005 avec les anciens rebelles du Sud a permis à leur chef, Salva Kiir, de devenir premier vice-président. Son gouvernement se partage les revenus pétroliers avec Khartoum.

La fin de la rébellion dans l’Est en 2006 a pour sa part été possible grâce à un accord permettant aux chefs des tribus Beja de se joindre au gouvernement et comportant la promesse de Khartoum de développer cette région disposant d’une façade maritime.

"Début de la fin de la guerre au Darfour"

Lundi, le président Béchir s’est dit confiant en un retour rapide à la paix au Darfour. L’accord "marque le début de la fin de la guerre au Darfour", a-t-il proclamé, espérant "une paix totale" avant les élections générales au Soudan, prévues du 11 au 13 avril.

Le Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan, est en proie depuis 2003 à un conflit opposant des mouvements armés aux forces armées soudanaises appuyées par des milices locales. Le conflit a fait 300.000 morts selon les estimations de l’ONU, 10.000 d’après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.

Un important groupe rebelle, l’Armée de libération du Soudan d’Abdelwahid Nour (SLA-Abdelwahid), refuse toutefois de se joindre au processus de paix.

Parmi les petites factions présentes à Doha, le JEM-Démocratie, qui appartient au groupe dit d’Addis Abeba, a claqué la porte pour protester conte l’accord jugé partiel.

Mais cinq autres mouvements présents à Doha ont annoncé leur fusion dans "le Mouvement de libération pour la Justice (MLJ)", avec l’espoir de parvenir à un accord avec Khartoum, à l’instar de celui conclu avec le JEM.

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