Banques ghanéennes : services non compris

Dans ce secteur en pleine mutation, les activités se multiplient. À tel point que les autorités de régulation ont dû faire un peu de ménage.

La Ghana Commercial Bank Tower, à Accra. © Chris Stein/JA

La Ghana Commercial Bank Tower, à Accra. © Chris Stein/JA

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Publié le 18 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Autrefois dominé par les établissements publics, le secteur bancaire ghanéen a été privatisé et est en pleine mutation. Mais c’est surtout à la faveur de l’essor économique des dernières années (près de 10 % de moyenne de croissance depuis 2010) que ses activités ont considérablement augmenté (+ 30 % pour les dépôts bancaires en 2012, à 16,1 milliards de cedis, soit 548 millions d’euros), ce qui l’a obligé à s’adapter et à se professionnaliser pour mieux répondre à une demande de plus en plus forte et exigeante. Attirées par un marché dont la contribution au PIB ghanéen est passée de 2,7 % en 2006 à près de 6 % aujourd’hui, les banques étrangères, à commencer par celles du voisin nigérian (6 présentes dans le pays) et la panafricaine Ecobank, actuel leader du secteur, ont multiplié les implantations, exacerbant une concurrence qui n’est cependant pas toujours synonyme de qualité de services ni de réduction des risques pour la clientèle.

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Les autorités de régulation locales sont donc passées à l’action, dès 2008, pour assainir un secteur alors bien encombré, mais toujours sous-capitalisé. En imposant aux établissements bancaires un capital minimum de 60 millions de cedis à atteindre avant la fin de 2012, la Bank of Ghana (BOG) a fait le ménage. « Nous avons assisté à de nombreux regroupements, notamment entre ceux qui ne disposaient pas de telles réserves », confirme Gilbert Hie, directeur général de la filiale locale de la Société générale. Adossée depuis 2003 à la Social Security Bank (SSB), l’un des fleurons du secteur lorsque ce dernier était encore public, l’unique banque française de la place pèse aujourd’hui 5 % d’un marché bancaire jugé « très fragmenté » par l’ensemble des experts interrogés. Les 26 enseignes présentes en 2013 se partagent un marché estimé par la BOG à un peu plus de 37 milliards d’euros. « Sachant que les cinq premières banques [voir tableau] se partagent près de 50 % des volumes d’affaires, le système compte encore beaucoup trop d’intervenants », reprend Gilbert Hie. Le régulateur ghanéen continue pourtant de distribuer les licences, comme à The Royal Bank (TRB), qui a commencé ses opérations en décembre 2012.

Gourmand

La priorité de la BOG semble ailleurs : dans l’accès des PME-PMI au crédit. Ces dernières représentent en effet plus de 90 % des entreprises enregistrées dans le pays, et ont généré 49 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2012. « Il faut identifier les prochains facteurs de croissance et développer les produits financiers qui faciliteront l’accès aux crédits aux PME ainsi qu’aux particuliers », explique Daniel Mensah, secrétaire exécutif de l’Association des banquiers du Ghana. Le taux de bancarisation de la population, estimé actuellement à 30 %, continue de progresser, mais « pour des raisons de frais généraux le crédit reste cher au Ghana », regrette Gilbert Hie. Ce constat est particulièrement vrai pour les PME-PMI, parfois obligées d’emprunter à des taux supérieurs à 20 %, même si l’intérêt des banques semble être plus soutenu ces derniers mois, comme l’illustre la hausse de 40 % enregistrée en 2012 pour l’obtention de crédits aux entreprises. Une tendance qui devrait se poursuivre à mesure que le secteur se consolide autour de pôles disposant de capacités financières suffisantes pour prêter au secteur privé.

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Concernant les particuliers, les banques misent davantage sur le e-banking et le m-banking, « à condition de pouvoir tisser des relations privilégiées avec les opérateurs de téléphonie comme c’est le cas au Kenya », remarque Felix Addo, associé chez PwC. Le développement d’un secteur des hydrocarbures gourmand en investissements, puisqu’il entend tripler ses volumes de production dans les cinq ans, devrait encourager la croissance du secteur bancaire, devenu très rentable.

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