L’usage systématique d’anti-rétroviraux pourrait juguler l’épidémie de sida

Des chercheurs assurent que l’épidémie de sida pourrait disparaître d’ici à 2050 si l’utilisation des traitements anti-rétroviraux était généralisée.

Les anti-rétroviraux permettent de rendre les personnes traitées 25 fois moins contagieuses © AFP

Les anti-rétroviraux permettent de rendre les personnes traitées 25 fois moins contagieuses © AFP

Publié le 21 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Sans vaccin en vue contre le virus du sida, des chercheurs se disent néanmoins confiants de venir rapidement à bout de l’infection –responsable de deux millions de morts annuellement– en traitant tous les séro-positifs avec des anti-rétroviraux, selon leurs travaux présentés samedi.

"Je pense que si nous utilisons les anti-rétroviraux efficacement, il est possible d’arrêter la transmission dans les cinq ans", a assuré le Dr Brian Williams, un épidémiologiste du centre sud-africain de modélisation épidémiologique, principal auteur de cette recherche.

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Les anti-rétroviraux sur le marché sont très efficaces et produisent peu d’effets secondaires mais le problème est que "nous les utilisons seulement pour sauver la vie des personnes infectées pas pour arrêter la pandémie", a-t-il expliqué devant la presse, en marge de la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie du 18 au 22 février à San Diego (Californie).

Les anti-rétroviraux pris de manière régulière permettent de réduire dix mille fois la concentration de virus VIH dans le sang. Cette forte réduction de la charge virale rend ces personnes 25 fois moins contagieuses, ce qui est suffisant pour enrayer la transmission du virus, a expliqué ce chercheur.

Selon lui, il est tout à fait possible de parvenir à ce but avec un dépistage et des traitements antirétroviraux généralisés.

Seulement 4% des 30 million de personnes infectées dans le monde, dont la majorité vivent en Afrique sub-sahariennne, étaient traitées avec des antirétroviraux en 2007, a-t-il précisé.

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Avec cette approche, il serait possible de réduire la mortalité de près de 95% d’ici 2015, conduisant à une prévalence quasiment nulle d’ici 2050.

Il a assuré que cette stratégie faisait l’objet de beaucoup de soutien aux Etats-Unis et en Europe.

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Le Docteur Anthony Faucci, directeur de l’Institut national américain des maladies infectieuses et des allergies, partie des NIH (National Institutes of Health), "est très enthousiaste" et prévoit des essais cliniques à Washington DC et à New York, où la prévalence de l’infection est très élevées dans la communauté noire.

Il a aussi indiqué que l’Agence française de recherche sur le sida finançait un essai clinique en Afrique du Sud et que lui-même espérait également en faire un d’ici un à deux ans.

Les coûts couverts par la diminution des hospitalisations

"Nous devons faire de nombreuses recherches opérationnelles avant qu’une telle stratégie puisse être considérée une politique de santé publique", a-t-il relevé.

Concernant les coûts, qui dans le cas de l’Afrique du Sud se monteraient à plusieurs milliards de dollars par an au début d’une telle campagne, ils seraient très rapidement couverts, a affirmé ce médecin.

Le nombre des hospitalations résultant du sida et des maladies infectieuses qui y sont liées, comme la tuberculose, diminuerait considérablement tout comme les décès frappant surtout des jeunes adultes, les plus productifs économiquement.

Pour le Dr Kenneth Mayer, professeur de médecine à l’Université Brown (Rhode-Island, est), un des participants à la conférence de presse, cette approche qui "vise un objectif important, prendra plusieurs années de mise au point".

Il n’y a pas que la distribution d’anti-rétroviraux, mais aussi le dépistage étendue et un travail d’éducation des populations, a-t-il ajouté.

Pour sa part, le Dr Dennis Burton, un virologue du Scripps Research Institute en Californie (ouest), a dit que la communauté de la recherche sur le Sida n’avait pas été aussi "optimiste et emballée" depuis longtemps par les progrès enregistré depuis un an.

Il a cité "des résultats modestes mais encourageants" de l’essai clinique d’un vaccin expérimental en Thaïlande en 2009 et la découverte d’une multitude de nouveaux anti-corps grâce à de nouvelles technologies.

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