Stabilité économique : le Ghana attendu au tournant

Malgré une croissance soutenue, l’économie ghanéenne reste trop dépendante des matières premières. Sa diversification devient désormais impérative.

Accra, la capitale ghanéenne. Le déficit courant de l’État devrait être supérieur à 13 % du PIB en 2013. © Guido-Sohne

Accra, la capitale ghanéenne. Le déficit courant de l’État devrait être supérieur à 13 % du PIB en 2013. © Guido-Sohne

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Publié le 17 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Depuis plus de dix ans, le Ghana fait figure d’élève modèle en Afrique de l’Ouest. La transition démocratique réussie en début d’année a confirmé la stabilité politique du pays alors que la moyenne de croissance de 7,65 % enregistrée depuis 2005 conforte l’évolution favorable du cadre macroéconomique ghanéen. Qualifiée de « robuste » par les experts du Fonds monétaire international (FMI) en mission à Accra en septembre, cette croissance devrait se stabiliser à 7 % en 2013. Pénalisée par des délestages récurrents et des taux d’intérêt en forte hausse depuis le début de l’année, elle est en deçà des prévisions et des 8 % affichés en 2012, et surtout bien inférieure aux 15 % enregistrés en Ghana-production-petrole info2011, à la suite de l’entrée en production du premier gisement pétrolier du pays. Elle reste néanmoins suffisante pour permettre au Ghana de conserver en 2013 sa place dans le tiercé des champions régionaux, avec la Côte d’Ivoire et le Nigeria.

Dans la foulée du développement des hydrocarbures, les fondamentaux économiques du Ghana restent prometteurs à court et moyen termes, « même si de nombreuses interrogations subsistent », selon Santiago Herrera, économiste en chef chargé du Ghana à la Banque mondiale.

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Fardeau

Malgré ses bons indicateurs et l’intérêt soutenu des investisseurs étrangers pour ses ressources naturelles, le Ghana est en effet confronté à un déséquilibre croissant de ses finances, que le gouvernement doit tenter de résorber rapidement. Le plus préoccupant reste l’inflation, repassée à deux chiffres, entre 10 % et 11 % pour 2013 selon le FMI, à la suite de l’augmentation des prix du carburant en début d’année. Quant au déficit courant de l’État, il devrait être supérieur à 13 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013, creusé par l’insuffisance des recettes fiscales et la baisse des revenus du cacao, liée aux mauvaises conditions climatiques, pour la deuxième année d’affilée. Depuis l’an dernier, le cacao a d’ailleurs été rétrogradé au troisième rang des produits d’exportation en termes de recettes (18,8 %), après l’or (40 %) et le pétrole (20,7 %).

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Pour accompagner la croissance, le gouvernement, tout en régularisant ses arriérés à l’égard du secteur bancaire, a dû dépenser sans trop compter (à hauteur de plus de 20 % du PIB en moyenne ces cinq dernières années) afin d’investir dans les infrastructures nécessaires au développement du pays. Résultat : le Ghana doit faire face à une dette publique estimée par la Banque mondiale à 50 % de son PIB. « Le pays n’a pas les moyens de supporter un tel fardeau, il y a donc urgence pour les pouvoirs publics à prendre les décisions qui permettront de réduire cet endettement », insiste Santiago Herrera.

Particulièrement visées, les rémunérations accordées à l’ensemble de la fonction publique, qui, fin 2012, représentaient 42 % des frais fixes de l’État, ainsi que les subventions mises en place pour soutenir les prix du carburant et de l’électricité. La première a disparu en début d’année, et les bailleurs de fonds insistent pour que la subvention à l’électricité subisse le même sort dès la prochaine loi de finances. « Il y va de la bonne Ghana-indicateurs info2border: 0px solid #000000; float: right;" title="Cliquez sur l'image." class="caption" />santé budgétaire du pays », reprend Santiago Herrera, qui rappelle que les trop fortes dépenses de l’État ont déjà provoqué l’envol des taux d’intérêt et l’affaiblissement du cedi, qui, en moins de deux ans, a perdu 22 % face au dollar.

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Mutations

Soutenue principalement par ses industries extractives ainsi que par la montée en puissance des secteurs du BTP et des services (en particulier de télécommunications), l’économie ghanéenne s’appuie encore trop sur ses ressources naturelles. Selon Santiago Herrera, « elle doit vite prendre le virage de la diversification dans les secteurs manufacturiers et des services », seuls à même de relever le défi de l’emploi tout en réduisant la fracture persistante dans le pays entre le Nord, sous-développé, et les régions côtières autour d’Accra, en plein essor.

Les économistes espèrent que le pays saura négocier ce tournant majeur et relever le défi pétrolier en utilisant à bon escient les milliards de dollars qui vont irriguer l’économie
dans les années à venir. « En plus du nécessaire rééquilibrage des comptes publics et de la réduction de l’inflation et des taux d’intérêt, l’affectation de la future manne pétrolière va jouer un rôle crucial dans les mutations économiques du Ghana », prévient Santiago Herrera. Sans oublier les transformations sociales car, selon la Banque mondiale, un quart de la population ghanéenne vit encore au-dessous du seuil de pauvreté.

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