Toujours pas de gouvernement : la tension monte

La composition du nouveau gouvernement ivoirien n’a toujours pas été révélée, six jours après la double dissolution décidée par Laurent Gbagbo. Le Premier ministre reconduit, Guillaume Soro, poursuivait ses consultations à Yamoussoukro jeudi 18 février. L’opposition, qui a condamné la décision de Laurent Gbagbo, assure que sa position « n’a pas varié ». Les incidents entre manifestants et forces de l’ordre se multiplient dans le pays.

La police ivoirienne s’avance vers les manifestants dans le quartier de Koumassi à Abidjan © AFP

La police ivoirienne s’avance vers les manifestants dans le quartier de Koumassi à Abidjan © AFP

Publié le 18 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Des tractations qui durent, un climat qui se dégrade avec de nouvelles manifestations de l’opposition: la Côte d’Ivoire attendait toujours anxieusement jeudi son nouveau gouvernement, après la dissolution du précédent par le président Laurent Gbagbo.

Le chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, reconduit Premier ministre, est arrivé à la mi-journée dans la capitale politique Yamoussoukro pour une nouvelle réunion avec le chef de l’Etat, a constaté un journaliste de l’AFP.

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Cabinet de 25 membres ?

Un cabinet de 25 membres (contre 33 auparavant), sans une bonne partie des sortants, pourrait être annoncé, selon des sources concordantes et plusieurs quotidiens.

Il aura pour tâche de conduire à un scrutin présidentiel reporté depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, et destiné à clore la crise née du coup d’Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste.

Depuis la dissolution fracassante, vendredi, du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), la principale énigme demeure la participation de l’opposition à l’équipe "Soro II".

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L’opposition campe sur ses positions

Jusqu’à mercredi soir, malgré les "navettes" de M. Soro entre camp présidentiel et opposition réunie au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), cette présence paraissait loin d’être assurée.

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Pas de ministres sans une commission "rétablie", a fait savoir le RHDP.

"Notre position n’a pas varié", a déclaré jeudi à l’AFP Alphonse Djédjé Mady, responsable de la coalition, indiquant qu’aucun progrès n’avait été enregistré à ses yeux.

L’opposition soupçonne le chef de l’Etat de vouloir reprendre en main la cruciale CEI – qu’elle dominait jusque-là – à la faveur de la crise qui a emporté cette structure et son président RHDP Robert Beugré Mambé. Il avait été accusé par le camp Gbagbo de "fraude" sur la liste électorale.

La CEI mise en place depuis 2005 avait été endossée par l’accord de paix signé en 2007 à Ouagadougou, qui avait débouché sur le gouvernement d’"union nationale" de M. Soro.

Mais l’insistance du "facilitateur" Blaise Compaoré sur le respect de l’accord ne semblait pas pour l’heure avoir eu de résultat probant.

Le président burkinabè a appelé "au calme et à la retenue", alors que la tension est montée à travers le pays.

Le RHDP promet la multiplication des manifestations

Le mouvement de jeunesse du RHDP a promis que les "marches éclatées" lancées ces derniers jours pour protester contre la double dissolution se multiplieraient ce week-end.

Alors qu’elles avaient pris de l’ampleur mercredi, donnant lieu à des incidents et des arrestations à Yamoussoukro, de nouvelles manifestations avaient lieu jeudi.

A Bouaké (centre), fief des FN, plus d’un millier de personnes ont barré avec des morceaux de bois et des pneus brûlés la grande voie qui traverse la ville.

"On veut pas Gbagbo", scandaient les marcheurs, parmi lesquels certains ont cassé des commerces.

D’autres marches ont eu lieu dans la région, à Béoumi et Sakassou. Dans cette dernière localité, des échauffourées ont opposé manifestants et forces de l’ordre, selon des témoins.

Le camp présidentiel a accusé l’opposition d’"actes de sabotage".

La crise à la CEI et la double dissolution ont renvoyé à une date indéfinie l’élection présidentielle de "sortie de crise". Elle était prévue "fin février-début mars", selon le dernier calendrier.

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