Le Mossad dans la ligne de mire
Londres et Dublin demandent des comptes à Israël après l’utilisation de passeports britanniques et irlandais dans l’assassinat de Abdel Raouf Al-Mabhouh à Dubaî. Ce cadre du Hamas aurait été exécuté par les services secrets israéliens.
Actualisé le 19 février à 10h30.
Londres et Dublin ont haussé le ton jeudi 18 février dans l’affaire des faux passeports utilisés lors de l’assassinat d’un cadre du Hamas, Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, le 20 janvier dernier dans un hôtel de Dubaï. Les ambassadeurs israéliens convoqués ont cependant refusé de répondre aux accusations sur l’implication du Mossad, dont la responsabilité n’a pas été formellement établie par la police émiratie.
L’ambassadeur israélien au Royaume-Uni, Ron Prosor, s’est entretenu avec le secrétaire général du Foreign Office Peter Ricketts. A l’issue de la rencontre, il a indiqué n’avoir "pas été en mesure d’apporter des informations complémentaires" au haut fonctionnaire britannique. Convoqué à peu près au même moment au ministère irlandais des Affaires étrangères, son homologue à Dublin, Zion Evrony, a tenu des propos similaires. Il a indiqué à ses interlocuteurs "ne rien savoir de cet événement".
Le Mossad dans le collimateur des enquêteurs
Depuis plusieurs jours, le Mossad, le service secret israélien, est pointé du doigt pour son rôle supposé dans ce meurtre. Le chef de la police de Dubaï, le général Dhahi Khalfan, a été plus précis jeudi, en assurant qu’il est "certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l’assassinat".
"Les indices dont dispose la police de Dubaï montrent un lien clair entre les suspects et des gens qui ont des relations directes avec Israël", a-t-il dit à l’édition en ligne du journal The National, proche du gouvernement d’Abou Dhabi. Même Israël a jusqu’ici entretenu l’ambiguité sur son éventuelle implication, en refusant d’apporter un démenti formel.
Le 18 février, l’émirat a tout de même saisi Interpol, qui a émis des avis de recherche internationaux contre les 11 suspects du meurtre de Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh.
Après la rencontre entre MM. Prosor et Ricketts, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a dit "espérer et attendre" qu’Israël "coopère pleinement avec l’enquête" annoncée la veille par le Premier ministre britannique Gordon Brown.
"Nous voulons offrir à Israël toutes possibilités d’échanger avec nous ce qu’il sait de cet incident", a indiqué M. Miliband, en résumant la teneur du message passé au diplomate. Le ministre a précisé qu’il rencontrerait son homologue israélien Avigdor Lieberman lundi à Bruxelles. "Nous devons connaître les faits (…) et nous devons savoir ce qui est arrivé aux passeports britanniques. C’est aussi simple que cela", a de son côté déclaré M. Brown, dans un communiqué.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin, s’exprimant sur la radio télévision RTE avant la convocation de l’ambassadeur israélien, a quant à lui évoqué un "incident extrêmement sérieux".
Tensions diplomatiques
La France a de son côté accentué à la pression pesant sur l’Etat hébreu en annonçant qu’elle allait demander "des explications à l’ambassade d’Israël" à Paris sur les circonstances du recours à un faux passeport français dans l’assassinat de Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, un des fondateurs de la branche armée du mouvement islamiste palestinien.
L’affaire fait grand bruit en Grande-Bretagne et en Irlande, depuis que la police de Dubaï a révélé que six des membres du commando qui a mené l’opération détenaient des passeports britanniques et trois des passeports irlandais, auxquels s’ajoutent un français et un allemand.
Selon la presse israélienne, le commando a vraisemblablement usurpé l’identité d’au moins sept Israéliens détenteurs de nationalités étrangères.
Les relations entre le Royaume-Uni et Israël ont par le passé déjà souffert des actions des services secrets israéliens, notamment après l’enlèvement en 1986 à Rome et le transfert en Israël de Mordehaï Vanunu, qui avait révélé l’existence de la centrale nucléaire de Dimona (sud d’Israël) au Sunday Times.
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