General Electric turbine en Algérie
La société américaine General Electric fournira des équipements pour six nouvelles centrales électriques. Un marché de plus de deux milliards d’euros.
Près de 2,7 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros) pour l’installation de nouvelles unités de production électrique. GE Energy a décroché le gros lot en Algérie ! Akli Brihi, le directeur général de la filiale locale du géant américain, ne cache pas sa joie : « C’est le contrat de vente de turbines le plus important signé par GE dans le monde. » Le groupe est d’autant plus content que le projet sera intégralement financé par la puissante société publique Sonelgaz, qui couvre l’ensemble du secteur énergétique du pays.
« Tous ces contrats ont été attribués à GE dans le cadre d’appels d’offres internationaux lancés et menés en toute transparence par CEEG, la filiale ingénierie de Sonelgaz, avec ouverture publique des plis, et sur la base de la meilleure offre technique et commerciale », tient à signaler Akli Brihi, dont l’entreprise était en concurrence avec l’allemand Siemens. Dans le passé, des soupçons de corruption ont en effet entouré des marchés attribués par Sonelgaz à des sociétés étrangères. Il y a moins de quatre mois, Noureddine Boutarfa, le PDG de l’entreprise publique (toujours en poste), a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une enquête sur des surcoûts liés à la construction de deux centrales électriques par GE et le français Alstom.
Dans le passé, des soupçons de corruption ont entouré des marchés attribués par Sonelgaz
12 000 megawatts nécessaires
Officialisé fin septembre, l’accord entre le groupe américain et la Société algérienne de production de l’électricité (SPE, filiale de Sonelgaz) comprend plusieurs volets, dont le plus important représente la bagatelle de 1,9 milliard de dollars. Celui-ci concerne la fourniture de 24 turbines à gaz, 12 turbines à vapeur, 36 alternateurs et leur système de contrôle.
Fabriqués aux États-Unis, ces équipements alimenteront six futures centrales électriques d’une puissance de 1 200 à 1 600 mégawatts chacune, qui doivent entrer en service entre 2015 et 2017. Elles seront situées dans le nord du pays, dans les wilayas (préfectures) de Biskra, Djelfa, Jijel, Khenchela, Mostaganem et Naama.
Pour leur construction, des sociétés ont été présélectionnées fin juillet à la suite d’un appel d’offres. Il s’agit de quatre groupes chinois (China National Technical Import and Export Corporation, Jiangsu Electric Power Design Institute et Zhejiang Thermal Power Company, regroupés en consortium, ainsi que Power Corporation of China), du sud-coréen Samsung et d’un groupement turco-grec (Gama-Metka).
À elles six, ces centrales augmenteront la capacité nationale de 8 400 MW, un accroissement de 73 % par rapport aux 11 389 MW disponibles actuellement. La question énergétique est en effet cruciale dans ce pays producteur de gaz et de pétrole, notamment en période estivale – la consommation atteint alors des niveaux supérieurs de 50 % à la moyenne annuelle, selon les autorités. « En Algérie, les ménages consomment plus d’électricité que les entreprises, c’est un véritable paradoxe », explique Abderrahmane Mebtoul, ancien directeur d’études au ministère de l’Énergie. Selon le gouvernement, 10 000 à 12 000 MW supplémentaires seront nécessaires d’ici à 2017 pour faire face à la demande croissante.
Sous-traitance
Les premières turbines made in Algeria sont attendues pour 2018
Outre la livraison de matériel, GE va mettre en place, en partenariat avec Sonelgaz, un complexe industriel dans la wilaya de Batna. Il comprendra quatre usines de fabrication de turbines à gaz et à vapeur, d’alternateurs et de systèmes de contrôle. Montant du projet : 200 millions de dollars. Sonelgaz détiendra 51 % du capital et GE 49 %.
L’objectif de cette coentreprise est de développer progressivement la production locale d’équipements énergétiques. « Les premières turbines made in Algeria sont attendues pour 2018 », assure Akli Brihi.
Mais dans un premier temps le taux d’intégration local sera faible, car ce secteur d’activité nécessite le recours à la haute technologie. « Nous allons d’abord auditer le marché industriel local, identifier et sélectionner les PME-PMI capables d’intégrer le réseau local de sous-traitance que nous souhaitons bâtir autour de notre projet industriel, pour que le taux d’intégration nationale soit, à terme, le plus élevé possible », explique Akli Brihi. Près de un millier d’emplois directs et indirects seront créés dans ce but. Par ailleurs, Jeffrey Immelt, PDG de GE, a récemment annoncé la création d’un fonds d’investissement pour aider les PME-PMI locales à se financer.
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Un vaste chantier
Le management de la future coentreprise sera assuré par des experts expatriés jusqu’à ce que le complexe industriel produise des équipements aux normes internationales. Le relais devrait ensuite être pris par le personnel algérien une fois qu’il sera formé.
« Nous souhaitons bâtir des passerelles vers le monde de l’université, de la recherche et de la formation professionnelle pour créer un vivier local de talents aptes à travailler dans notre monde industriel à très haute valeur ajoutée technologique », indique Akli Brihi.
Ces annonces – qui surviennent après le retour en Algérie du président Abdelaziz Bouteflika au terme d’une longue convalescence en France et à l’approche de la prochaine présidentielle (prévue pour avril 2014) – visent, assure-t-on, à développer une filière industrielle locale, mais aussi à réduire la facture énergétique. Un vaste chantier.
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