Le Kenya refuse de coopèrer avec le TPIR d’après les États-Unis
Le Kenya fait de la rétention d’information sur le sort du richissime homme d’affaires rwandais en fuite, Félicien Kabuga, présenté comme l’argentier du génocide de 1994, qui se trouvait jusqu’à récemment dans le pays, a estimé jeudi un haut responsable américain.
Selon l’ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis en charge des crimes de guerre, Stephen Rapp, en visite jeudi à Nairobi, les autorités refusent de coopérer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, basé à Arusha, en Tanzanie) sur le sort de M. Kabuga.
Kabuga ne se trouve plus au Kenya affirme Nairobi
"L’équipe en charge de l’enquête s’est vue refuser l’accès à d’importantes informations par le NSIS (services secrets kényans) et d’autres autorités", a déploré M. Rapp au cours d’une conférence de presse.
"Le Kenya a reconnu que Kabuga était présent dans le pays. Il n’y a aucun doute qu’il était là dans les années 1990, il y a des preuves solides, des photos de lui, prouvant qu’il était dans le pays jusqu’en 2007", a précisé M. Rapp. "La question (aux autorités kényanes) est: est-il encore ici en 2010?", a-t-il ajouté.
Face à ces accusations récurrentes, Nairobi affirme que l’homme d’affaires ne se trouve plus au Kenya, mais le TPIR et les autorités américaines demandent les preuves de ce départ.
"Le gouvernement kényan souhaite arrêter le fugitif s’il vit au Kenya. Ce qui, selon nous, n’est pas le cas", a affirmé pour sa part le vice-ministre des Affaires étrangères, Richard Onyoka, qui s’exprimait au côté de M. Rapp.
Le plus recherché des 11 accusés encore en fuite
Accusé notamment d’avoir commandé "les machettes du génocide", Kabuga, parent par alliance de l’ex-président Juvénal Habyarimana, est le plus recherché des 11 accusés du TPIR encore en fuite.
Après une visite au TPIR en Tanzanie, le diplomate américain s’est entretenu jeudi à Nairobi avec plusieurs hauts responsables kényans, dont le ministre de la Justice, Mutula Kilonzo.
Les autorités kényanes n’ont pas répondu à deux demandes officielles d’information du TPIR, adressées en 2009 au procureur général et au chef de la police, a expliqué M. Rapp.
"Ces lettres sont restées sans réponse (. . . ). Sans plus de coopération, le procureur du TPIR saisira le Conseil de sécurité de l’ONU" à partir du 23 juin, a-t-il assuré.
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