Goodluck Jonathan s’impose comme le leader

A peine installé au pouvoir, le nouveau président par intérim du Nigeria, Goodluck Jonathan, s’est attelé à la tâche en remaniant le gouvernement.

Le président par intérim nigérian Goodluck Jonathan © AFP

Le président par intérim nigérian Goodluck Jonathan © AFP

Publié le 12 février 2010 Lecture : 3 minutes.

En remaniant immédiatement le gouvernement, le président intérimaire nouvellement désigné au Nigeria, Goodluck Jonathan, a prouvé qu’il avait désormais les rênes du pouvoir bien en mains, une bonne nouvelle selon les observateurs après des mois d’incertitude à la tête du pays.

"Il a démontré par cette simple action qu’il est maintenant aux commandes", a estimé Dele Dada, secrétaire général adjoint de l’un des principaux syndicats, le Trade Union Congress.

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"Les Nigérians devraient se réjouir qu’après presque trois mois d’impasse politique, la bonne décision ait enfin été prise", a-t-il poursuivi, en référence au transfert des pouvoirs présidentiels à M. Jonathan, jusqu’alors vice-président.

M. Jonathan a accepté mardi soir, à la demande du parlement bicaméral, de diriger la nation la plus peuplée d’Afrique, forte de 150 millions d’habitants, dans l’attente du retour hypothétique du président Umaru Yar’Adua, hospitalisé en Arabie saoudite depuis novembre.

Pour Debo Adeniran, président de la Coalition contre les dirigeants corrompus, "plusieurs dossiers majeurs en attente, comme le budget 2010, le programme d’amnistie (aux combattants du sud), les réformes électorales et du secteur pétrolier, vont maintenant pouvoir être traités".

Le fait que le président n’ait pas informé par écrit le parlement de son congé, ce qui aurait permis un transfert formel de ses pouvoirs, a déclenché une crise constitutionnelle et en partie bloqué le fonctionnement du pays.

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Face à l’impasse et au risque que le 8e exportateur mondial de brut ne sombre dans le chaos, c’est par une pirouette, jugée anticonstitutionnelle par certains, que le parlement a agi, en vertu d’une "doctrine de la nécessité", selon la formule du président du Sénat David Mark.

A défaut de la missive présidentielle requise, le parlement a estimé que l’entretien accordé par M. Yar’Adua à la radio britannique BBC, le 12 janvier, où il évoquait son état de santé, équivalait à un message officiel annonçant qu’il est bien en congé médical.

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Fin de trois mois de vide présidentiel

"La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a plus de vide à la tête du Nigeria, même si le processus par lequel M. Jonathan a pris la relève va à l’encontre de la constitution", a réagi Festus Keyamo, avocat spécialisé en droit constitutionnel.

"La résolution (du parlement) et sa validation par les principales institutions du Nigeria met un point final à la crise provoquée par l’absence prolongée d’Umaru Yar’Adua", a aussi noté Sebastian Spio-Garbrah, analyste de chez Eurasia Group, un centre d’étude basé à New york.

Selon lui, on peut désormais s’attendre à l’adoption rapide de la loi de réforme du secteur pétrolier et à des avancées dans le processus de pacification du sud pétrolifère, en panne depuis la fin novembre.

Des milliers de combattants de cette région ont accepté l’amnistie offerte par le président en août et déposé les armes. Mais ils perdent patience et les attaques ont repris, après six mois d’accalmie.

Le président par intérim va devoir faire preuve d’une "forte volonté politique" pour gérer les nombreux défis économiques, politiques et sociaux de la nation, a estimé M. Debo Adeniran.

Réputé docile et critiqué parfois pour son manque de poigne, M. Jonathan, 52 ans, s’est cependant clairement imposé en mettant au placard le très influent ministre de la Justice, Michael Aondoakaa, qui jusqu’au bout s’était opposé au remplacement du président, même temporairement.

M. Jonathan l’a muté au ministère des Missions spéciales, un portefeuille "relativement inconnu" selon la presse.

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