Déby veut repartir de Khartoum « avec la paix »

Le président tchadien Idriss Déby Itno a multiplié les symboles de paix au premier jour de sa visite officielle au Soudan, où il ne s’était pas rendu depuis six ans. Son homologue soudanais Omar el-Béchir a de son côté souhaité un retour « à de meilleures relations ».

Omar el-Béchir a accueilli Idriss Déby Itno à l’aéroport © AFP

Omar el-Béchir a accueilli Idriss Déby Itno à l’aéroport © AFP

Publié le 9 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Le président tchadien Idriss Deby Itno a tendu lundi une branche d’olivier à son homologue soudanais Omar el-Béchir lors de sa première visite au Soudan depuis six ans, signe d’apaisement entre les deux voisins qui se livrent une guerre par groupes rebelles interposés.

"Nous sommes venus comme une colombe"

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Le président tchadien est arrivé en fin de matinée à Khartoum, où il a été accueilli par son homologue soudanais, des ministres et le gotha diplomatique.

"Nous sommes venus ici comme une colombe (. . . ) nous sommes venus pour marquer notre volonté, notre disponibilité, notre engagement à faire en sorte que la paix, la quiétude, la confiance reviennent" entre les deux voisins, a déclaré, en français, le président tchadien avant d’avoir des entretiens avec M. Béchir.

"Nous sommes venus pour repartir avec la paix", a ajouté M. Deby qui effectue sa première visite au Soudan depuis juillet 2004, alors à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest jouxtant la frontière tchadienne.

Le Tchad et le Soudan entretiennent des relations chaotiques depuis cinq ans et s’accusent de soutenir des rébellions hostiles à leur régime. Les deux voisins ont signé mi-janvier à N’Djamena un "accord de normalisation" assorti d’un "protocole de sécurisation des frontières".

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"Nous nous engageons à mettre en oeuvre tous les accords qui ont été signés entre nos deux pays", a assuré le président Béchir.

En vertu de l’accord, le Tchad et le Soudan s’engagent à cesser tout soutien à leurs mouvements rebelles respectifs. L’accord prévoit aussi le déploiement d’une force mixte à la frontière tchado-soudanaise composée de 3. 000 hommes, à parts égales.

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"Nous voulons retourner à de meilleures relations", a affirmé M. Béchir, soulignant que le déploiement d’une force mixte aurait un "impact important" sur la sécurité à la frontière et pour la population du Darfour.

"Cette fois-ci, ça a l’air sérieux"

Différentes tentatives pour réconcilier les deux pays étaient jusque-là restées lettre morte, notamment le pacte de non-agression, baptisé "accord de Dakar", signé en mars 2008 dans la capitale sénégalaise.

Cet accord avait volé en éclats quelques mois plus tard lorsque les rebelles darfouris du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) avaient mené une attaque sans précédent sur la banlieue de Khartoum. La rébellion tchadienne avait ensuite mené une offensive jusqu’à N’Djamena.

"Cette fois-ci, ça a l’air sérieux", a souligné à l’AFP un diplomate sous le couvert de l’anonymat. "Les deux pays en ont besoin en ce moment. Le Tchad se dirige vers des élections législatives en novembre et une présidentielle en avril 2011, alors que des élections sont prévues en avril au Soudan, puis un référendum en janvier 2011", sur la sécession du Sud-Soudan, a-t-il noté.

Mais "je ne pense pas que Deby aille à Khartoum pour construire la démocratie au Tchad", a dit à l’AFP Mahamat Nouri, un des leaders de l’opposition armée tchadienne. Cette visite "ne nous apportera pas grand-chose, Deby va encore nous traiter de mercenaires", a-t-il ajouté.

Selon des observateurs, la normalisation des relations entre Khartoum et N’Djamena priverait par ailleurs les rebelles darfouris d’un de leurs importants soutiens et pourrait faciliter un accord entre la rébellion du Darfour et le gouvernement soudanais, qui doivent prochainement entamer des pourparlers directs au Qatar.

"Cette visite (d’Idriss Deby) aura définitivement un impact positif sur les pourparlers de Doha", a assuré le chef de la diplomatie soudanaise, Deng Alor. Le conflit du Darfour a fait 300. 000 morts selon les estimations de l’ONU – 10. 000 d’après Khartoum – et 2,7 millions de déplacés.

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