RDC : encore des jeeps polémiques pour des élus
À Kinshasa, la société civile exige une enquête des autorités après la distribution de véhicules à des députés provinciaux du parti présidentiel, la veille des élections des sénateurs, des gouverneurs et des vice-gouverneurs, le 29 avril dernier.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 mai 2024 Lecture : 2 minutes.
En RDC, une nouvelle affaire déploie toute la gamme des ambiguïtés entre structures privées et élus du peuple, entre dons désintéressés et parfums de corruption. Point de départ l’embrouillamini : des véhicules distribués à des députés provinciaux de Kinshasa, membres du parti présidentiel.
Rapidement, l’opération interroge par son chronogramme : les jeeps en question ont été données la veille des élections des sénateurs, des gouverneurs et des vice-gouverneurs, le 29 avril dernier. Or, les électeurs de ces scrutins indirects sont les membres des assemblées provinciales.
Prime d’encouragement
La société civile hurle à la corruption et l’Agence nationale des renseignements (ANR) saisit une dizaine d’automobiles entreposées dans un immeuble de la commune de La Gombe, à une centaine de mètres du quartier général de la police judiciaire. Plusieurs agents de sécurité qui veillaient sur les véhicules sont interpellés, dont un policier.
Les premiers éléments de l’enquête dévoilent que les voitures sont des dons de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS). Rapidement, les responsables du parti du président Félix Tshisekedi qualifient les véhicules de prime d’encouragement pour « susciter la motivation des élus ». Il s’agirait d’un « don par souci de confort, certains élus se déplaçant en taxi ou en moto ».
La formation politique sous-entend qu’un parti ne peut guère corrompre ses propres membres, et que la saisie n’a eu lieu que parce que l’ANR ne connaissait pas l’identité de la structure donatrice.
Train de vie qui interroge
Derrière la question d’une possible corruption se profilent des critiques plus globales contre le train de vie des proches du pouvoir et l’étonnante capacité d’une formation politique à générer des tel budgets.
En 2021, déjà, le projet de doter d’une jeep chacun des 500 membres de l’Assemblée nationale avait déclenché une levée de boucliers à Kinshasa. Diffusé sur les réseaux sociaux, un audio attribué au président de l’Assemblée nationale expliquait que le don provenait du chef de l’État, l’objectif étant de caresser les députés dans le sens du poil au moment de la constitution d’une nouvelle coalition présidentielle, « l’Union sacrée de la nation ».
Comment une opération à 27 millions de dollars pouvait-elle être financée par un seul homme, fut-il président ? En RDC, la corruption est un fléau que Félix Tshisekedi s’est engagé lui-même à dénoncer.
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