La tension monte d’un cran en Haïti

Alors que le nombre de personnes décédées dans le séisme qui a ravagé Haïti a été revu à la hausse (200.000 morts désormais), la colère et les tensions sont palpapbles au sein de la population. Cell-ci réclame une meilleure gestion de la crise et s’en prend aux étrangers sur place, secouristes, journalistes et responsables  politiques.

Des centaines de manifestants défilent près de Port-au-Prince le 3 février © AFP

Des centaines de manifestants défilent près de Port-au-Prince le 3 février © AFP

Publié le 4 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Le nombre de morts dans le séisme du 12 janvier en Haïti dépasse 200.000, selon les derniers chiffres annoncés mercredi 4 février par le Premier ministre haïtien, sur fond de colère grandissante de la population contre les autorités.

"Plus de 200.000" Haïtiens ont perdu la vie, a annoncé Jean-Max Bellerive, révisant à la hausse un précédent bilan de 170.000 morts. Il a également annoncé que 4.000 personnes avaient été amputées à la suite de la catastrophe.

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En ville ces derniers jours, la tension se fait de plus en plus ressentir. Plusieurs coups de feu ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi à Pétion-Ville, dans la banlieue de la capitale, où quelque 300 Haïtiens manifestaient dans la matinée devant la mairie, dans une atmosphère tendue, pour réclamer nourriture, travail et la possibilité pour les enfants de retourner à l’école.

"Le gouvernement haïtien n’a rien fait pour nous, nous n’avons pas trouvé de travail. Ils ne nous ont pas donné la nourriture qu’il faut", a déclaré Sandrac Baptiste, l’un des manifestants.

Un autre protestataire, un bloc de ciment à la main, a crié qu’il était prêt à se battre. "Si la police tire sur nous, nous mettrons le feu", ont dit en choeur les manifestants.

"A bas Préval"

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En début d’après-midi, un autre rassemblement a réuni environ 200 manifestants à quelque 4 km de l’ambassade des Etats-Unis, criant en créole leur besoin d’aide et bloquant la progression d’une longue file de 4×4 américains et de camions de l’ONU.

Pour la première fois depuis le séisme, des habitants se montraient hostiles à l’égard des journalistes étrangers, leur demandant de quitter les lieux. Mardi, un photographe a été agressé au couteau et dévalisé, près du marché en Fer, au centre-ville de la capitale.

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Un rassemblement de moindre importance avait réuni, mardi, une cinquantaine de manifestants devant la Direction de la police judiciaire (DCPJ) où siège temporairement le gouvernement haïtien.

"A bas Préval!", criaient les manifestants, désignant le président haïtien, René Préval, qui s’est rarement adressé à son peuple depuis le séisme. Certains, se disant employés de sociétés publiques, assuraient qu’ils n’étaient plus payés, que leurs maisons s’étaient effondrées et qu’ils vivaient désormais dans la rue.

La communauté internationale toujours mobilisée

Un groupe armé a tenté, en vain, d’attaquer samedi un convoi d’aide alimentaire escorté par la Minustah, la mission de l’ONU en Haïti, a annoncé mardi l’organisation, jugeant la situation sécuritaire "stable mais potentiellement volatile".

La ministre chargée des femmes, Marjorie Michel, a signalé que des comités de quartier avaient fait état d’une augmentation du nombre de viols dans les camps ces derniers jours, sans fournir d’indication chiffrée. Les victimes refusent de se faire connaître car elles considèrent cela comme "une atteinte à la pudeur", a expliqué la ministre.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est félicité d’avoir récolté près de 230 millions de dollars pour aider Haïti, estimant que le coût global de son intervention pourrait dépasser 800 millions de dollars. "Le monde a sauvé beaucoup de vies en Haïti", a déclaré la directrice du PAM, Josette Sheeran.

Sur le plan institutionnel, l’ONU a demandé à l’ex-président américain Bill Clinton, son émissaire spécial en Haïti, de coordonner l’aide internationale, "de la phase de réponse d’urgence jusqu’à celle de la reconstruction".

Le président Nicolas Sarkozy se rendra lui le 17 février à Port-au-Prince tandis que la commissaire européenne désignée à l’Aide humanitaire, la Bulgare Kristalina Georgieva, a promis qu’Haïti serait sa "toute première priorité".

Retrouvez notre dossier spécila Haïti ici.

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