Est de la RDC : Washington accuse le Rwanda
Selon les États-Unis, Kigali serait responsable du bombardement d’un camp de réfugiés près de Goma. Une accusation rejetée en bloc par la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo.
La diplomatie américaine a accusé le Rwanda d’être à l’origine d’un bombardement meurtrier le 3 mai sur un camp de déplacés dans l’est de la RDC, une affirmation récusée dès le lendemain par Kigali. Au moins neuf personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans cette attaque survenue à la périphérie de Goma (Nord-Kivu), où des combats opposent les forces gouvernementales aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon une partie de la communauté internationale et le groupe d’experts de l’ONU.
« Les États-Unis condamnent fortement l’attaque d’aujourd’hui des positions des forces armées du Rwanda et du M23 sur le camp pour personnes déplacées de Mugunga », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller. Il a ajouté que les États-Unis étaient « vivement inquiets de l’avancée récente » des forces armées du Rwanda et du M23 dans l’est de la RDC, « ce qui a participé au déplacement de plus de 2,5 millions de personnes ».
Comme Kinshasa, les États-Unis affirment depuis longtemps que la rébellion du M23 est soutenue par le Rwanda. Mais la mention par Washington d’une implication directe de Kigali dans une attaque est en revanche inhabituelle. « Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun », a ajouté Miller.
« Nouveau crime de guerre »
L’origine des bombardements du 3 mai n’est pas clairement établie. Le porte-parole du gouvernement en RDC, Patrick Muyaya, a accusé le 3 mai sur X (anciennement Twitter) « l’armée rwandaise et ses supplétifs terroristes du M23 » d’en être responsables. « L’horreur dans sa forme la plus grave ! Une bombe sur des civils, des morts, des enfants ! Nouveau crime de guerre ! », a-t-il écrit.
Selon des témoignages, des « bombes » sont tombées dans la matinée sur des huttes installées de part et d’autre de la route menant de Goma à Saké, cité considérée comme un verrou stratégique à une vingtaine de kilomètres de là.
« Les forces armées rwandaises n’attaqueraient jamais un camp »
La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a réagi le 4 mai à l’accusation américaine en la qualifiant de « ridicule » et d’« absurde », dans un post sur X. « Comment parvenez-vous à cette conclusion absurde ? Les FDR [forces armées rwandaises], une armée professionnelle, n’attaqueraient jamais un camp » de déplacés, a-t-elle déclaré.
« Regardez [du côté des] FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda] et Wazalendo, sans foi ni loi, soutenus par les FARDC [forces armées congolaises], pour ce genre d’atrocités », a-t-elle ajouté.
Les FDLR sont un groupe armé créé par d’anciens génocidaires et dont la présence depuis trente ans dans l’est de la RDC est dénoncée par Kigali.
(avec AFP)
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