Treize imams marocains entrent en clandestinité en Europe
La presse marocaine fait état d’une délégation de treize prédicateurs qui ne sont pas rentrés au Royaume à l’issue de leurs missions respectives en Europe, à l’occasion du mois de Ramadan…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 mai 2024 Lecture : 2 minutes.
On connaissait les athlètes qui prennent la poudre d’escampette dans l’hémisphère nord, à l’occasion d’une sélection dans une compétition sportive, souvent en quête de meilleures infrastructures d’entraînement. Après la fuite des cerveaux et celle des talents musculaires, voici venu le temps de la fuite des guides spirituels. Ce sont 13 imams marocains qui viennent de décider de ne plus rentrer au pays, après leurs missions respectives en Europe.
Le quotidien arabophone Assabah précise que les prêcheurs « évaporés », originaires de la région de l’Oriental – principalement des provinces de Nador, Oujda, Driouch et Taourirt – sont d’un niveau d’instruction élevé, la plupart détenant au moins une licence, quand ce n’est pas un master ou un doctorat. C’est pour la période du Ramadan, désormais échue, que les treize guides musulmans avaient été envoyés en France, en Espagne, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, pour diriger les prières du Tarawih, en collaboration avec des associations de Marocains expatriés. Ils détenaient chacun un billet retour financé par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Ils ne se sont pas présentés à l’aéroport, le 12 avril dernier…
Haro sur les imams célibataires
Comme le précise le ministère de l’Intérieur qui affirme mener des sélections draconiennes des imams candidats à une mission, les treize disparus occupaient des postes dans diverses mosquées du Royaume marocain. Des enquêtes préliminaires avaient conduit à leur sélection et leur validation par les Conseils des Oulémas. De plus, ils avaient été préparés, avant leur séjour à l’étranger, et donc sensibilisés au caractère impératif du retour.
Impuissant, le ministère des Habous et des Affaires islamiques affirme qu’il rendra encore plus strictes les conditions de sélection des imams candidats à une mission en Europe. Il privilégiera désormais les profils dotés de plusieurs années d’expérience dans le domaine religieux, mariés et père. Les treize candidats à l’émigration ne seraient pas chef de famille.
Tensions diplomatiques en vue ?
La pratique de l’envoi ponctuel d’imams dans les pays occidentaux semblait bien rodée. À l’occasion du dernier mois saint du Ramadan, ce sont 274 universitaires, prédicateurs et spécialistes du Coran qui ont été envoyés dans 14 pays étrangers, afin d’accompagner les nombreux Marocains établis dans des pays européens, américains ou nordiques.
Les treize clandestins pourraient tendre encore la réflexion du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin sur la formation des imams français et sur le précédent système des imams détachés, officiant en France mais rémunérés par leur pays d’origine.
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