La tech francophone, de valeur refuge à valeur tendance ?

Selon l’avocate d’affaires Johanna Monthé, les pays francophones du continent peuvent profiter de leur plus grande stabilité face aux mouvements spéculatifs dans la tech africaine.

Johanna Monthé © Montage JA; DR

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joanna monthe
  • Johanna Monthé

    Johanna Monthé est associée du cabinet d’avocats Epena Law. Elle est avocate aux barreaux du Cameroun, d’Angleterre, de New York et de Paris.

Publié le 16 mai 2024 Lecture : 3 minutes.

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Les 20 futurs champions de la tech africaine 2024

Jeune Afrique dévoile sa liste des 20 futurs champions de la tech en Afrique. De la robustesse de l’espace francophone aux nouvelles valeurs montantes, voici les tendances qui ressortent de notre palmarès 2024 des 20 start-up « early stage » les plus prometteuses du continent.

Sommaire

LES 20 FUTURS CHAMPIONS DE LA TECH – La fièvre qui a gagné les valeurs technologiques à partir de la fin des années 2010, puis la chute de celles-ci depuis fin 2021, ont eu peu d’impact sur l’Afrique francophone. Selon le dernier rapport de l’investisseur Partech, l’Afrique francophone a même observé une croissance des investissements sur le segment technologique de 3 % en 2023, quand le reste du continent affichait une diminution de 50 % sur la période.

Malgré ces tendances, la réalité en valeur absolue demeure sans appel : en 2023, ce sont 335 millions de dollars qui ont été investis au seul Kenya, soit le même montant que dans toute l’Afrique francophone subsaharienne. Les acteurs anglophones conservent donc une incontestable avance.

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La barrière de la langue, souvent invoquée, n’est pas seule en cause, loin s’en faut. Le manque de maturité des marchés est sans doute un facteur bien plus important. Autrement dit, le tissu d’investisseurs locaux qui doit se mobiliser préalablement à la recherche d’investisseurs internationaux n’est pas encore assez dense.

Les pionniers contre les prudents

Si une grande partie des fonds de Venture Capital (VC) affirment faire une veille régulière des marchés francophones, ils ajoutent qu’ils ne voient pas assez de cibles qui remplissent leurs critères d’investissement. À ce titre, on peut distinguer deux types d’investisseurs VC intéressés par la zone. Ceux qui vont regarder au-delà des faiblesses de certains modèles et investir « sur l’avenir » en profitant de valorisations souvent basses en Afrique francophone pour découvrir ces marchés (des pays comme le Sénégal ou le Togo ont su tirer parti de ce type d’investisseurs).

La deuxième catégorie est celle des investisseurs institutionnels (souvent anglophones) qui vont chercher à investir dans des solutions testées et robustes, et qui analyseront l’écosystème francophone sous le même prisme que les autres pays du continent, sur la base de critères tels que l’innovation, la profondeur ou la taille du marché. Ces investisseurs cherchent des cibles qui pourraient absorber des investissements d’au moins 5 millions de dollars, à un stade de série A.

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Il faut comprendre que les caractéristiques des marchés d’Afrique francophone n’ont pas fondamentalement changé. Le facteur d’évolution le plus notable est sans doute l’augmentation de l’adoption des smartphones, qui ouvre des perspectives intéressantes, notamment dans le secteur de la fintech. D’ailleurs, les « champions » d’Afrique francophone tels que Wave, Djamo et Julaya, ou encore Onafriq, s’illustrent principalement sur ce segment. Ainsi, les investisseurs déplorent l’absence d’opportunités sur des segments alternatifs de « deep tech », tels que la biotechnologie, tout en reconnaissant que ces secteurs requièrent des capitaux de départ importants, rarement disponibles en Afrique francophone.

Une croissance « hors du temps »

Pour finir, notons que l’environnement des affaires a un impact substantiel sur l’attractivité des sociétés technologiques. Une des raisons pour laquelle la zone Uemoa confirme son avance sur la zone Cemac, qui reste perçue comme moins attrayante par les investisseurs.

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L’industrie tech d’Afrique francophone semble donc bénéficier d’une croissance stable presque « en dehors du temps », assez peu impactée par les tendances internationales. Une aubaine, certes, en temps de crise, mais un frein en période de prospérité. Reste qu’il y a de quoi être optimiste, car les investisseurs internationaux témoignent d’un réel intérêt et restent à l’affût de bonnes opportunités dans la zone.

Découvrez nos deux premiers coups de cœur de cette édition 2024 :

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