Des soldats américains et russes en coloc’ au Niger

À Niamey, des militaires russes ont commencé à s’installer sur une base aérienne où se trouvent toujours des troupes des États-Unis. Le ministre américain de la Défense et le porte-parole du Kremlin minimisent la portée de cette cohabitation.

© Damien Glez

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Publié le 7 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

Conformément à une règle sociale non écrite, un monogame n’installe sa nouvelle conquête sous son toit qu’au moment où l’ancienne concubine est partie avec tous ses bagages. La situation n’est guère différente, en matière de location militaire, à l’exception des transmissions de flambeaux sur un terrain qui mérite passation. Mais au Niger, les soldats russes et américains qui se succèdent ne sont pas dans une logique de relais 4 x 100 mètres…

Une bien étrange cohabitation

Alors que de nouveaux instructeurs russes continuent d’affluer à l’aéroport Diori-Hamani, moins d’un mois après l’arrivée de leurs premiers frères d’armes, le ministre américain de la Défense vient d’évoquer une bien étrange cohabitation.

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Le 3 mai dernier, Lloyd Austin a en effet reconnu que la base aérienne nigérienne 101 de la capitale Niamey, située à côté de l’aéroport international, accueillait tout à la fois un déploiement russe et des troupes américaines. Une proximité qui paraît bien étrange, et pas seulement du point de vue du contexte de l’Alliance des États du Sahel (AES), Washington et Moscou affichant un désaccord profond sur la guerre en Ukraine.

Interrogé lors d’une conférence de presse jeudi à Hawaï, le ministre américain n’a pas cherché à dramatiser la situation, expliquant que « les Russes sont dans un bâtiment séparé et n’ont pas accès aux forces américaines » ni à ses « équipements », et d’ajouter que le déploiement russe ne posait pas de « problème significatif […] en termes de protection de nos forces ».

Il faut dire qu’il n’a guère les moyens de monter sur ses grands chevaux. Les États-Unis discutent encore les modalités du retrait militaire du Niger de plus de 1000 soldats américains, notamment de la base de drones près d’Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars. Depuis mars, la junte nigérienne a dénoncé l’accord de coopération militaire en vigueur avec les États-Unis et même qualifié d’ »illégale » la présence américaine sur son territoire.

De son côté, goûtant sans doute le caractère vaudevillesque d’une situation en sa faveur, Moscou reste évasif. Lors d’un point presse, le porte-parole du Kremlin a déroulé les éléments de langage sur le développement des relations de Moscou avec plusieurs pays africains, précisant que cela ne concernait pas seulement le domaine militaire. À propos de la « colocation » sur la base aérienne 101, Dmitri Peskov n’a ni confirmé, ni démenti la présence russe.

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