Otage français : Al-Qaïda repousse son ultimatum
Pierre Camatte, otage français détenu par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis novembre 2009 devait être exécuté le 31 janvier, si quatres prisonniers au Mali n’étaient pas remis en liberté en échange. Aqmi a repoussé son ultimatum, mais la menace reste entière.
La branche maghrébine d’Al-Qaïda, (Al-Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi) qui menace d’exécuter un otage français enlevé fin novembre au Mali, a repoussé à une date indéterminée son ultimatum, qui expirait dans la nuit de samedi 30 janvier à dimanche 31 janvier, a indiqué samedi soir un négociateur malien.
"L’ultimatum a été repoussé par Al-Qaïda. J’ai donné l’information au gouvernement malien, qui a communiqué avec la France" a précisé cette source s’exprimant sous couvert de l’anonymat et qui est au coeur des tractations. "Il n’y a pas de date précise donnée (pour la prolongation de l’ultimatum) mais il faut qu’on fasse vite pour trouver une solution", a ajouté ce responsable.
"Les gens (d’Aqmi) demandent en tout cas la libération très rapide de leurs quatre prisonniers qui sont au Mali. Ils ne demandent rien d’autre", a ajouté la même source.
Pas de rançon, mais des libérations en contrepartie
Il s’agit du premier otage français détenu par Aqmi. Selon une source proche du dossier, "ces derniers jours, Paris a dépêché à Bamako plusieurs émissaires, dont des proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy (le président français) pour obtenir la libération de l’otage français".
La branche d’Al-Qaïda au Maghreb, qui détient en tout six Européens en otage, avait menacé le 10 janvier d’exécuter le Français Pierre Camatte, si quatre de ses combattants (deux Mauritaniens, un Algérien et un Burkinabè) détenus au Mali n’étaient pas libérés d’ici le 30 janvier.
Une source proche des intermédiaires négociant la libération du Français avait également évoqué une "rançon".
Mais le négociateur malien a démenti samedi la demande d’une rançon: "les gens qui avaient parlé de rançon sont des escrocs qui se disaient intermédiaires, mais qui voulaient seulement empocher de l’argent".
Un peu plus tôt samedi, le négociateur malien avait affirmé qu’il "avait de l’espoir" que la vie de l’otage français soit épargnée. Mais ces menaces sont prises d’autant plus au sérieux que, début juin 2009, Aqmi avait annoncé avoir tué, pour la première fois, un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer qu’elle détenait depuis janvier, Londres ayant refusé de céder au chantage des combattants islamistes.
Ces derniers avaient d’abord donné aux autorités britanniques un ultimatum de 20 jours pour libérer l’islamiste radical Abou Qatada emprisonné en Grande-Bretagne. Ce délai avait été prolongé de 15 jours puis l’otage avait été exécuté.
La France pour cible
Pierre Camatte, a été kidnappé par des inconnus en pleine nuit le 26 novembre dernier dans un hôtel de Ménaka, dans le nord-est désertique du Mali, près du Niger.
Agé de 61 ans, il préside une association entre la ville de Gérardmer (Vosges, est de la France où il est domicilié) et Tidarmene, localité du nord du Mali. Il partageait son temps entre la France et le Mali, où il s’occupait notamment de la culture d’une plante thérapeutique contre le paludisme.
La branche maghrébine d’Al-Qaïda a, plusieurs fois, pris pour cible la France et des ressortissants français ces dernières années dans la zone sahélienne.
Fin décembre 2007, quatre touristes français avaient été assassinés dans le sud de la Mauritanie. Et début août 2009, un jeune kamikaze mauritanien s’est fait exploser près de l’ambassade de France à Nouakchott. Deux gendarmes français ont été blessés.
Le rapt de Pierre Camatte a été suivi d’enlèvements en Mauritanie par des membres d’Aqmi de trois humanitaires espagnols, le 29 novembre, et de deux Italiens le 18 décembre, dont une femme originaire du Burkina Faso. Parallèlement, en Mauritanie voisine, l’enquête semble avancer concernant les trois otages espagnols, avec l’arrestation de quatre membres présumés d’Aqmi ces derniers jours.
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