Des Américains accusés d’avoir « volé » 33 enfants haïtiens

Une association chrétienne américaine aurait profité du chaos qui règne en Haïti pour enlever 33 enfants et tenter de les faire sortir du pays. La police haïtienne les a interceptés et une enquête est en cours pour déterminer s’il s’agit de trafic d’enfants, ce dont se défendent les Américains.

Des enfants font la queue pour recevoir de la nourriture le 28 janvier 2010 à Port-au-Prince © AFP

Des enfants font la queue pour recevoir de la nourriture le 28 janvier 2010 à Port-au-Prince © AFP

Publié le 1 février 2010 Lecture : 3 minutes.

La police haïtienne détenait dimanche dix ressortissants américains, membres d’une association chrétienne, accusés par Port-au-Prince d’avoir "volé" 33 enfants à la faveur du séisme du 12 janvier, qui fait craindre une résurgence du trafic d’enfants.

"Dix américains sont détenus par les autorités haïtiennes pour violation présumée des lois haïtiennes sur l’immigration", a indiqué l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, à propos de cette affaire qui évoque celle de "l’Arche de Zoé" en 2007 entre la France et le Tchad.

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Samedi, le ministre haïtien des Affaires sociales et du Travail, Yves Christallin avait annoncé que dix Américains, cinq hommes et cinq femmes, avaient été appréhendés près de la frontière dominicaine, en compagnie d’une trentaine d’enfants qu’ils avaient selon lui "volé".

Sa collègue de la Culture et de la Communication, Marie Laurence Jocelyn Lassegue, a précisé que 33 enfants faisaient partie de ce groupe, dont le plus âgé a 14 ans. Elle a déclaré que neuf Américains et non dix avaient été arrêtés.

Pas de documents officiels

"A la frontière entre Haïti et la République dominicaine, la police (…) a vu un autobus dans lequel se trouvaient beaucoup d’enfants", a rapporté la ministre. "Lorsqu’on leur a demandé les documents concernant les enfants, ils n’en avaient pas", a-t-elle précisé. "La police a décidé de conduire l’autobus à Port-au-Prince".

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Dans des entretiens accordés à la presse américaine, les Américains se sont élevés contre cette accusation.

"Nous n’avons strictement rien à voir (avec le trafic d’enfants). C’est exactement ce contre quoi nous essayons de lutter", a dit Laura Silsby, la chef du groupe, lors d’un entretien accordé dimanche au quotidien Idaho Press-Tribune. Elle et ses compatriotes sont membres d’une association caritative chrétienne baptisée "Le refuge pour une nouvelle vie des enfants", basée dans l’Idaho (nord-ouest des Etats-Unis).

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Les ressortissants américains étaient détenus à la direction centrale de la police judiciaire, à Port-au-Prince, avec deux complices haïtiens présumés, a indiqué à l’AFP le directeur général de la police, Mario Andresol.

Les enfants ont encore de la famille

Une enquête a été ouverte pour déterminer dans quelles circonstances les Américains sont entrés en possession des enfants qui ont été placés dans un centre d’accueil à Croix-des-Bouquets, à une trentaine de kilomètres de la capitale.

"La plupart des enfants ont encore de la famille", a indiqué Patricia Vargas, directrice régionale de ce centre d’accueil de l’association SOS Children’s Village.

"En parlant avec des enfants plus grands, âgés de plus de sept ans, nous avons appris que leurs parents sont en vie. Certains nous ont donné des adresses et des numéros de téléphone", a précisé Mme Vargas. Une petite fille, âgée de quelques mois, peut-être sept, a été hospitalisée samedi soir "parce qu’elle souffrait de malnutrition", a-t-elle ajouté.

De nombreux enfants ont été adoptés depuis le tremblement de terre qui a dévasté Haïti le 12 janvier, faisant 170.000 morts et jetant à la rue un million de personnes.

Les Etats-Unis ont joué un rôle de premier plan dans les secours aux Haïtiens sinistrés, en envoyant des milliers de soldats, de sauveteurs et de médecins.

Du réconfort dans la religion

Ce dimanche était aussi l’occasion pour des milliers de réfugiés massés dans des camps de fortune à Port-au-Prince de chercher du réconfort au cours d’offices religieux, catholiques ou protestants.

Du camp du quartier de Canapé Vert, s’élevaient des prières, des chants et de la musique.

"Je suis venue prier pour mes morts et mes blessés", a expliqué Adeline Coquillon, 25 ans, réfugiée dans ce camp, alors qu’elle participait à un office.

En d’autres endroits, selon des points fixes de distribution désignés récemment par l’ONU, des casques bleus assistés de soldats américains, distribuaient des sacs de riz de 25 kilos, conséquence d’une décision du Programme alimentaire mondial (PAM) qui souhaite mieux distribuer l’aide alimentaire en la confiant aux femmes.

Retrouvez le dossier spécial de jeuneafrique.com sur le séisme en Haïti ici.

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