Lomé scandalisé par sa suspension pour les deux prochaines CAN
La Confédération africaine de football (CAF) sanctionne les Eperviers pour être rentrés à Lomé après la fusillade qui a fait deux morts dans leurs rangs. La décision se base sur le fait que c’est une « interférence politique » qui a provoqué le forfait.
Le Togo, qui s’était retiré de la CAN-2010 après une fusillade ayant provoqué la mort de deux membres de sa délégation, est suspendu pour les deux prochaines Coupes d’Afrique des nations (CAN), a annoncé samedi à l’AFP le président de la Confédération africaine (CAF) Issa Hayatou.
"Le comité exécutif (de la CAF) vient de suspendre le Togo pour deux Coupes d’Afrique des nations, a-t-il dit. C’est une sanction réglementaire. Il y a eu une interférence gouvernementale, ce que nous ne pouvons pas accepter".
Des indépendantistes du Cabinda avaient mitraillé le bus de la délégation du Togo, le 8 janvier, à la veille du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN-2010). Le chargé de communication de l’équipe togolaise, Stanislas Ocloo, et l’entraîneur des gardiens Abalo Amelete, avaient été tués dans l’attaque. Le gardien Kodjovi Obilalé, avait aussi été blessé au dos et à l’abdomen.
"Interférence politique"
Après quelques tergiversations, l’équipe du Togo s’était finalement retirée de la compétition, à la demande de son gouvernement, rentrant à Lomé le 10 janvier au soir.
"J’ai dit aux joueurs qu’on comprendrait leur position, a expliqué Hayatou. Nous leur avons demandé de bien vouloir rester, mais que s’ils partaient, on prendrait acte, et on comprendrait bien leur position. Et les joueurs ont dit qu’ils restaient. Jusque-là, on était en harmonie".
"Mais quand il y a interférence politique, on ne peut pas l’accepter, a-t-il continué. C’est exactement comme le cas du Nigeria en 1996 quand les autorités politiques avaient retiré l’équipe nationale. C’était une interférence politique et nous avions sanctionné l’équipe nationale du Nigeria pour deux éditions conformément à l’article 78 de nos règlements".
Le sélectionneur du Togo Hubert Velud a affirmé que la CAF avait asséné un "dernier coup de hache" à son équipe.
"C’est un peuple entier qui va être pénalisé"
"C’est ahurissant, c’est n’importe quoi, a dit l’entraîneur français. Les gens vont être abasourdis ici (au Togo). On ne se rend pas bien compte, on parle d’immoralité. . . Au-delà des entraîneurs, des joueurs, c’est un peuple entier qui va être pénalisé".
"Quelque part, ça efface le drame, c’est comme s’il n’avait pas eu lieu, a-t-il ajouté. On se sent trahis, humiliés et rabaissés. De tout façon, on nous a toujours rabaissés depuis le début. C’est le dernier coup de hache".
Les réactions étaient vives samedi dans les rues de la capitale togolaise. Les autorités togolaises attendent la "notification" de la décision de la CAF. "C’est par le biais des médias internationaux que nous sommes informés. Nous attendons une notification officielle de la décision de la CAF avant de nous prononcer", a déclaré à l’AFP un responsable du ministère des sports sous le couvert de l’anonymat.
L’article 78 du règlement de la CAN-2010 prévoit qu’un "forfait déclaré moins de vingt jours avant le commencement de la compétition finale ou pendant celle-ci entraînera (. . . ) la suspension de l’association nationale concernée pour les deux éditions suivantes de la Coupe d’Afrique des nations".
"La décision vous appartient et à vous seuls"
"Il n’y a pas de circonstance exceptionnelles à partir du moment où ce sont les autorités politiques qui les ont retirées, a-t-il encore dit. Si les joueurs togolais avaient décidé de partir, devant cette émotion, devant cette peine, on aurait compris".
Le gouvernement togolais avait décidé de rappeler sa sélection le samedi 9 au soir. Mais après avoir exprimé leur envie de rentrer à la suite du drame, des joueurs togolais avaient fait part ensuite de leur souhait de jouer pour rendre hommage aux disparus. Le gouvernement avait néanmoins insisté et obtenu le départ de la sélection.
Au lendemain de l’attaque, M. Hayatou s’était rendu auprès des joueurs togolais à Cabinda et leur avait dit, selon un communiqué de la CAF: "C’est un choix difficile. C’est un choix individuel et collectif. La décision vous appartient et à vous seuls".
"Etant donné que le président de la CAF a donné toute latitude au Togo, il n’y aura pas de sanction en cas de retrait", avait ensuite précisé Moustapha Fahmi, secrétaire général de la CAF.
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