Tshisekedi contaminé par le virus du troisième mandat ?
À peine réélu, le président congolais a annoncé la mise en place d’une commission qui devrait réfléchir à la rédaction d’une nouvelle Constitution. Déjà, les supputations vont bon train.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 8 mai 2024 Lecture : 2 minutes.
On croyait le refrain éculé et le scénario plus que déconseillé par les institutions sous-régionales. Après une modification plus ou moins quelconque de la loi fondamentale d’un État, son chef se déclare autorisé à considérer le compteur de ses mandats présidentiels remis à zéro. Le Burkinabè Blaise Compaoré sautillait de septennat en quinquennat. Le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra déployait la Grosse Bertha référendaire. Un porte-parole du gouvernement ivoirien tentait de démontrer que le troisième mandat d’Alassane Ouattara n’était pas son « troisième mandat »…
La volonté de rester au pouvoir est généralement trahie par le calendrier. Et c’est justement au début de son deuxième mandat que le président de RDC plonge les doigts dans la caisse à outils des modifications constitutionnelles.
Une commission de réflexion
Et comme les galops d’essai se digèrent souvent mieux depuis l’extérieur, c’est devant la diaspora de Bruxelles, après un passage en Allemagne et en France, que Félix Tshisekedi a dévoilé son rêve d’une Constitution « digne » pour son pays. Le président congolais a même annoncé la mise en place d’une commission chargée de réfléchir sur un nouveau texte.
L’actuelle loi fondamentale congolaise décrivant le mandat présidentiel actuel comme le dernier de « Fatshi », l’opposition et la société civile ont rapidement exprimé leurs inquiétudes, alors même les dernières élections générales sont toutes fraîches et que le prochain scrutin suprême se tiendra dans plus de quatre ans.
Au nom de l’efficacité
Une fois assumé le risque des accusations d’enracinement au pouvoir, il reste à chaque « tripatouilleur » en herbe la charge d’argumenter. Les plus christiques affirment avoir senti un appel du peuple. Les plus révolutionnaires revendiquent la nécessaire « africanisation » des textes qui esquissent les Républiques. Félix Tshisekedi, lui, semble s’attarder sur l’inefficacité de l’actuelle Constitution…
Sans démonstration très précise, le chef de l’État s’est plaint de la lenteur dans la mise en place des institutions politiques comme le bureau de l’Assemblée nationale ou le gouvernement. Les opposants estiment pourtant qu’avec des majorités confortables, il avait toutes les manettes pour transformer le pays rapidement, sans que la Constitution ne l’entrave.
Si le président ne réussit pas à convaincre l’opinion nationale, il lui resterait alors à expliquer qu’il doit mener à bien des projets manifestement trop ambitieux pour être bouclés dans le temps imparti par son second mandat. L’argument ultime de ceux qui s’accrochent au fauteuil présidentiel !
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