Hissène Habré était informé des tortures de sa police politique, d’après un rapport d’ONG
Le Groupe d’analyse des données des données droits humains accuse l’ancien président tchadien d’avoir été « continuellement informé » des tortures de la Direction et de la Documentation et de la Sécurité. Human Rights Watch estime que ce rapport pourrait accélérer les poursuites contre lui.
L’ancien président tchadien (1982-1990) Hissène Habré, réfugié au Sénégal et poursuivi pour crime contre l’humanité, était "continuellement informé" des actes de torture de sa police politique, selon un rapport diffusé vendredi par des ONG de défense de droits de l’homme.
Une analyse des archives officielles
Ce rapport a été rédigé le Groupe d’analyse des données de droits humains (GADDH), basé en Californie, pour Human Rights Watch et l’Association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad.
Il "documente l’activité au sein des prisons de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS) entre 1982 et 1990, ainsi que l’étendue de la responsabilité de Hissène Habré et des hauts fonctionnaires de son gouvernement dans les violations des droits de l’homme commises par la DDS", expliquent ses auteurs.
Le GADDH affirme avoir analysé "des archives officielles de la DDS et d’autres services gouvernementaux" découvertes par HRW en 2001 dans les quartiers généraux de la DDS, à l’abandon, à N’Djamena, "2.733 documents" au total.
Ces archives mentionnent "des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des actes de torture. Elles prouvent "que des violations massives des droits de l’homme ont été commises par la DDS, qui était sous le commandement du président Habré et que ce dernier était continuellement informé des opérations de la DDS", affirme le rapport.
1 265 communications
"A partir des documents retrouvés, nous avons pu établir que le président Habré avait reçu 1.265 communications directes relatives à 898 détenus" de cette police d’Etat qu’il avait créée à son accession au pouvoir puis réorganisée "afin qu’elle opère comme une unité spéciale (…), lui rendant directement compte", précise le GADDH.
Pour Human Rights Watch, "cette étude pourrait s’avérer cruciale dans les poursuites, toujours retardées, contre Habré", accusé de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique durant ses années de pouvoir.
Hissène Habré, qui vit à Dakar depuis sa chute en 1990, est poursuivi notamment pour crimes contre l’humanité. En juillet 2006, l’Union africaine avait donné mandat au Sénégal de le juger. Ce procès n’a pas encore démarré.
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